Le vrai nom d’Eminem est Marshall Mathers, d’où le jeu de sonorités avec ses initiales qui forment son nom d’artiste. Son second album, The Marshall Mathers LP, a été lancé en 2000. La chanson Stan en fait partie. Jugé offensant par plusieurs, ce disque valorise l’homophobie et la violence faite aux femmes, en plus d’inciter à s’attaquer aux policiers. «La chanson Stan, explique Serge Lacasse, raconte l’histoire fictive d’un admirateur fanatique d’Eminem qui, après plusieurs lettres à son idole demeurées sans réponse, développe une haine destructrice et finit par s’enlever la vie.» Ce geste, Stan le pose de manière particulièrement dramatique en s’inspirant de gestes semblables posés par le personnage d’une chanson d’Eminem sur un disque précédent. Le scénario va comme suit: Stan enferme sa femme enceinte dans le coffre arrière de sa voiture. Il roule et une fois rendu sur un pont, il lance l’auto dans le vide. Un dictaphone près de lui enregistre la scène.
Une proximité avec le cinéma
Selon Serge Lacasse, la chanson populaire présente des analogies avec le théâtre par l’importance de l’interprétation et de la performance. «Mais, précise-t-il, elle me semble plus proche du cinéma de par le recours, entre autres, à diverses techniques de montage.» Techniques de prise de son et de mixage, effets d’écho et de réverbération, enregistrement multipiste, la technologie apporte une dimension supplémentaire aux performances vocales des chanteurs et aux performances instrumentales des musiciens.
Dans Stan, des coups de tonnerre marquent le passage d’une section du récit à une autre. D’autres effets sonores comprennent le glissement d’un crayon sur le papier, le va et vient d’essuie-glaces sur un pare-brise mouillé et le crissement de pneus. Un extrait de chanson de la chanteuse Dido, joué en boucle, sert de refrain. Le récit comprend quatre couplets. Les deux premiers se passent chez Stan, le troisième se déroule dans sa voiture et le quatrième a lieu chez Eminem qui répond, trop tard, à son admirateur. Dans les séquences une, deux et quatre, les personnages écrivent. L’intériorité est suggérée par la réverbération des voix. En plus de son propre rôle, Eminem interprète celui de Stan. Selon Serge Lacasse, cette chanson illustre la richesse que peut atteindre la chanson enregistrée lorsqu’elle combine des sons physiques réalistes, des lignes mélodiques et des rythmes. Il juge par ailleurs «particulièrement efficace» la structure narrative du récit.
Le rap se définit comme une technique vocale, au même titre que le chant. Il s’agit d’un style musical apparemment simple mais en fait complexe, direct et rythmé, aux paroles récitées et à la gestuelle particulière. Le rap fait partie de l’univers du hip-hop, cette culture de la rue caractérisée, entre autres, par le graffiti et le break dance. Selon Serge Lacasse, la maîtrise du rap n’est pas donnée à tout le monde. À ses yeux, Eminem est un véritable artiste. «Il a un propos, il touche des cordes sensibles», explique-t-il.