
L’invitation de Nature constitue une reconnaissance des travaux menés par Jean-Pierre Després et ses collègues du CRHL depuis une vingtaine d’années. Les recherches de ce groupe ont mis en lumière le rôle prépondérant des graisses accumulées dans la cavité abdominale comme facteur de risque du diabète et des maladies cardiovasculaires. Depuis dix ans, le professeur Després milite en faveur du tour de taille comme marqueur du risque de souffrir de ces maladies. Simple et pratique, la mesure du tour de taille renseignerait mieux que le poids ou l’indice de masse corporelle sur les risques que court un patient. Information d’importance critique pour le médecin, le tour de taille devrait se retrouver dans le dossier médical de tous les patients de façon systématique, estime le chercheur.
Un tour de taille élevé est l’un des éléments - avec l’hypertension, le tabagisme, le cholestérol et les triglycérides- qui sont présents dans ce que les chercheurs ont nommé le syndrome métabolique. «Il existe présentement une énorme controverse autour de ce syndrome», a reconnu le professeur Després. En effet, des chercheurs ont émis des doutes sur la pertinence de mesurer le tour de taille parce que le syndrome métabolique ne frappe pas tous les ventrus. Par ailleurs, la difficulté d’établir un tour de taille seuil, valable pour toutes les populations, pour asseoir un diagnostic de syndrome métabolique fait également problème. La récente révision à la baisse de ce tour de taille critique est même vue par certains comme une façon d’accroître le bassin de patients éligibles à un traitement pharmacologique de l’obésité. «C’est précisément à cause de cette controverse que Nature nous a demandé de discuter des éléments clés de ce débat tout en mettant nos travaux en perspective, souligne le professeur Després. Notre position est très simple: l’obésité abdominale est de loin la forme de syndrome métabolique la plus fréquemment rencontrée par les médecins, d’où l’importance de bien mesurer le tour de taille. Le médecin doit aussi porter attention aux facteurs de risque classiques (âge, sexe, bon et mauvais cholestérol, tension artérielle, tabagisme, diabète) afin d’évaluer le risque cardiovasculaire dans sa globalité», précise-t-il toutefois.