
— Caroline Rochon
En janvier dernier, le professeur Fortin avait alerté le Québec au sujet d’une potentielle explosion de morilles dans les régions dévastées par les feux de forêts en 2005. Ce phénomène avait déjà été signalé dans d’autres régions du monde, mais jamais au Québec. L’été dernier, environ 20 000 des 400 000 hectares de forêts brûlés l’année précédente dans le Nord québécois ont été explorés par les cueilleurs, ce qui a conduit à une récolte de deux tonnes de morilles. Le chercheur estime qu’une quantité équivalente de morilles a été perdue sur pied (les champignons sont morts avant d’être récoltés), ce qui donne une production potentielle de 80 tonnes de morilles sur l’ensemble du territoire brûlé lors de cette année exceptionnelle. «La démonstration est maintenant faite qu’il y a des morilles de feux au Québec», commente-t-il.
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«Nous voulons accentuer l’effort de cueillette de ce champignon et nous allons inciter tous les restaurants gastronomiques à inscrire à leur menu, pendant tout le mois d’août, des plats à la chanterelle sauvage du Québec.»
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Règle générale, la superficie de forêts québécoises frappée chaque année par les feux est trois fois moindre, de sorte que le potentiel moyen est d’environ 25 tonnes, estime-t-il. La morille est le deuxième champignon gastronomique le plus recherché au monde après la truffe. Cette année, le kilo de morille fraîche valait 75$ sur le marché du détail. L’enthousiasme créé par le potentiel économique des champignons forestiers comestibles est palpable en régions, mais aux dires des représentants de l’ACCHF, cette industrie naissante se heurte à deux problèmes: l’absence de tradition québécoise en récolte de champignons et la difficulté de recruter des cueilleurs.
En 2007, en symbiose avec l’ACCHF, J.-André Fortin poursuivra son inlassable croisade pour la promotion des champignons forestiers comestibles en faisant de la chanterelle son cheval de bataille. Très répandu au Québec, ce champignon pousse en colonies de dimensions variées qu’on récolte entre juillet et octobre. «Nous voulons accentuer l’effort de cueillette de ce champignon et nous allons inciter tous les restaurants gastronomiques à inscrire à leur menu, pendant tout le mois d’août, des plats à la chanterelle sauvage du Québec.»
La biologie de ce champignon est encore mal connue, mais les travaux de doctorat de l’étudiante-chercheure Caroline Rochon promettent de mieux cerner les conditions écologiques les plus propices à sa croissance. «En caractérisant son habitat, nous pourrons non seulement repérer plus facilement les milieux propices à ce champignon, mais nous pourrons également aménager la forêt pour créer de l’habitat favorable à cette espèce», espère-t-elle.