Jean-François Beaupré et Eugénie Nyaminani, inscrits respectivement au baccalauréat et à la maîtrise en sciences géomatiques, ainsi que Félix Ouellet, inscrit au bac en génie géomatique, ont été intégrés aux opérations de cabinets de géomètres-experts de Cotonou, notamment pour des travaux de lotissement. Le mandat de ces spécialistes consiste, entre autres, à faire le plan des quartiers qui se sont développés de façon anarchique à la périphérie de la ville, en particulier à cause de l’exode rural. En un demi-siècle, Cotonou a vu sa population passer de 70 000 à plus d’un million d’habitants. Les gens se sont installés sans permis de construction tandis que personne ne prévoyait les rues, les espaces publics et les services de base dans ces zones.
Selon Jean-François Beaupré, ces quartiers doivent être réaménagés afin de restructurer la propriété foncière. «Les géomètres-experts doivent faire un levé de tous les bâtiments situés dans ces zones, explique-t-il. Ensuite, le plan est transmis à un urbaniste qui dessine notamment les rues, les aqueducs et les égouts. Autant que possible, il essaie d’éviter de passer dans les maisons. Mais comme il n’y a pas eu de prévisions d’aménagement, des cas sont inévitables où il faut détruire des maisons, pour permettre la mise en place d’une rue ou d’un aqueduc. Les géomètres-experts reprennent ensuite les plans de l’urbaniste en vue de l’implantation, par les constructeurs, des infrastructures planifiées.»
Les stagiaires ont également participé aux travaux de l’Institut géographique national. Ils ont, entre autres, agi comme observateurs et manœuvres dans les opérations entourant l’établissement du réseau national de bornes géodésiques. Faites de ciment, ces bornes contiennent un point de repère qui sert à référencer les levés des arpenteurs-géomètres. Ce point sert aussi de guide pour les travaux d’implantation d’infrastructures.
Jean-François Beaupré estime que les technologies utilisées par les géomètres-experts du Bénin accusent un retard de dizaines d’années sur celles en usage au Québec. «Les chaînes d’arpentage n’existent plus depuis environ 25 ans au Québec, dit-il. Nous utilisons plutôt le télémètre électronique avec rayon laser infrarouge.» Au Bénin, les cartes des arpenteurs-géomètres s’avèrent difficiles à lire à cause d’une surcharge d’information. Même la flèche du Nord et l’échelle graphique sont absentes.
Cela dit, les géomètres-experts béninois se modernisent: logiciels et instruments récents, y compris le GPS (système de positionnement par satellites), ont fait leur apparition. «Nous sommes formés sur les nouvelles technologies, poursuit Jean-François Beaupré. Nos connaissances à ce niveau représentent un bon apport pour eux.»
En 2007, six autres étudiants en géomatique s’étaient également rendus au Bénin pour un stage estival. Ils avaient produit un rapport à partir de ce qu’ils avaient observé dans la gestion, le matériel utilisé et les méthodes de travail à l’Institut géographique national, ainsi que dans des cabinets de géomètres-experts. Depuis ce temps, le service de cartographie de l’Institut est en communication avec le Service de la cartographie du ministère des Ressources naturelles et de la Faune du Québec.