
Lors de la commémoration citoyenne, la rectrice Sophie D'Amours a marché en compagnie d'autres dignitaires, dont les premiers ministres fédéral et provincial Justin Trudeau et Philippe Couillard, le maire de la ville de Québec, Régis Labeaume, le grand chef de la nation huronne-wendat, Konrad Sioui, la ministre du Patrimoine canadien, Mélanie Joly, le ministre de l'Immigration, de la Diversité et de l'Inclusion, David Heurtel, et le député fédéral Joël Lightbound.
— Louise Leblanc
«Mon cœur battait fort sur scène quand je regardais tous ces gens venus, malgré le froid, montrer leur soutien à la communauté musulmane», raconte l'une des chanteuses, Hanane Aissaoui, en deuil d'une des victimes. «Je suis très contente qu'on ait pu partager ce moment si émouvant», affirme, de son côté, Maité Moreno. Cette professeure à la Faculté de musique dirige, à l'Université Laval, un projet de recherche d'intégration sociale. Ensemble, réfugiés syriens, birmans, congolais, autres immigrants et autres Québécois partagent le plaisir de chanter. Leur chanson, composée collectivement avant l'attentat, illustre bien l'importance des liens du cœur pour vivre pleinement la diversité culturelle, tout comme la chanson Mon pays de Gilles Vigneault, entonnée à la fin de la commémoration.
Les pancartes de plusieurs des participants, dans la foule recueillie, proclament l'importance de rester solidaires face à ce drame, un drame qui a touché de plein fouet la communauté universitaire, comme le rappelle la rectrice Sophie D'Amours. «Il y a un an, l'Université Laval perdait l'un de ses brillants chercheurs et pédagogues lors de cette tragédie, Khaled Belkacemi. Sa conjointe et professeure à l'Université Laval, ses enfants, ses proches, amis, collègues, ses étudiantes et étudiants, toute la communauté universitaire a été ébranlée par cet attentat ignoble, ayant coûté la vie à six Québécois…»
Blotties autour d'un bouquet de fleurs qu'elles s'apprêtent à déposer devant le Centre culturel islamique de Québec, trois étudiantes témoignent du changement dans leur vie depuis un an. «Cet événement tragique a eu l'effet d'un réveille-matin pour moi, raconte Ariane, étudiante en médecine. On doit redoubler d'efforts et prendre les choses en main pour s'opposer à l'intolérance.» Pour sa part, Eugénie a choisi de combattre les préjugés et idées reçues véhiculés dans sa propre famille. «Lorsque j'entends certaines personnes répéter des phrases propagées par La Meute comme "Ils ne sont pas comme nous autres" ou "Ils nous volent nos jobs", je discute avec elles, témoigne la jeune fille. Il faut éduquer les gens pour éviter que l'ignorance engendre la haine et l'intolérance.»
Rencontré à la commémoration, le président de l'Association des étudiantes et des étudiants de Laval inscrits aux études supérieures (AELIÉS) abonde dans le même sens. «À l'AELIÉS, tout au long de l'année qui vient de s'écouler, nous avons fait la promotion du vivre-ensemble. Nous avons sensibilisé les étudiants à l'importance de la diversité non seulement sur notre campus, mais aussi dans les autres universités au Québec», raconte Pierre Parent Sirois. «Je crois que les choses ont changé depuis l'attentat, analyse, de son côté, Ousmane Traoré, président de l'Association malienne de Québec. Les politiciens s'impliquent beaucoup plus pour combattre la haine.» L'étudiant au doctorat en agroéconomie émet un souhait, celui que tous travaillent la main dans la main pour garder la ville de Québec toujours accueillante.

Plusieurs enfants et épouses de victimes ont pris la parole pour remercier la population de son soutien.
Photo: Louise Leblanc

Les participants à la soirée de commémoration ont déposé des fleurs, des messages et des bougies devant le Centre culturel islamique de Québec, en souvenir des victimes de l'attentat du 29 janvier 2017.
Photo: Louise Leblanc