
— Aurélie Zia-Gakwaya
Le colloque se déclinera en deux volets, l'un urbain avec des intervenants comme l'association Verdir Saint-Roch, les Urbainculteurs ainsi que la Coopérative La Mauve, et l'autre davantage tourné vers la production et la technologie. Des conférenciers, comme Alexandre Chamberland de Systèmes Vireo, un représentant de Vertikaroma et Vincent Leblanc de Violon et Champignon, vont partager avec le public leur vision de l'alimentation locale de demain. Vertikaroma offre des installations de jardinage verticales permettant de cultiver le long d'un mur, chez soi, des fraises alpines, de la roquette ou du basilic grâce à un ingénieux système de blocs empilés. De son côté, l'agronome Vincent Leblanc, préoccupé par l'exploitation humaine constante de la nature, souhaite que ses contemporains produisent de plus en plus leur propre nourriture. Voilà pourquoi il met au point en laboratoire du mycélium, autrement dit de la semence de champignon. Il produit aussi des champignons frais dans sa champignonnière.
«Avec cette rencontre, on veut permettre au public de s'inspirer de différentes façons de cultiver des produits en ville et à la maison, explique une des porte-parole d'AgroCité, Sarah-Claude Amyot, étudiante en études internationales et langues modernes. Beaucoup de gens ont envie de consommer local et de disposer de légumes frais qu'ils peuvent faire pousser. Plusieurs cherchent aussi à pratiquer l'agriculture tout en gardant un mode de vie urbain.» Mohammed Boudache, du ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation du Québec (MAPAQ), va d'ailleurs entretenir le public de la viabilité économique des projets d'agriculture urbaine et de la législation qui les concerne.
Le sujet passionne Alexandre Chamberland. Ce diplômé à la maîtrise en génie agroenvironnemental et fondateur d'AgroCité vient de se lancer en affaires avec Systèmes Vireo. Il a imaginé un meuble hydroponique, doté d'un système de lumière intégré, qui permet de faire pousser à la maison des fines herbes et de la salade. Aucune terre n'est nécessaire; un pichet d'eau hebdomadaire et un peu d'engrais suffisent pour irriguer les plants. Cette technologie pourrait bientôt être automatisée pour réduire encore les tâches à accomplir. «Certains prédisent que, dans un futur proche, 10% de la production des fruits et légumes viendra des villes, comparativement à 1% actuellement au Québec, affirme l'agronome. Les familles veulent savoir ce qu'elles mettent dans leur assiette, mais elles manquent souvent d'espace ou de temps pour cultiver un jardin.»
Le jeune entrepreneur regorge d'idées pour changer le mode traditionnel de production agricole. Il évoque les initiatives en cours actuellement à Montréal pour produire des champignons de type pleurote, nourris de marc de café récupéré dans des restaurants ou de drêches de bière (des matières résiduelles laissées lors du brassage). L'idée des fermes verticales urbaines installées dans d'anciens bâtiments industriels en Asie, en Europe et en Amérique du Nord l'intéresse aussi beaucoup, au point qu'il songe à établir un partenariat pour adapter un entrepôt à ce mode de production agricole très original, où les légumes poussent sur des étagères empilées les unes sur les autres. Bientôt, les villes se retrouveront peut-être à la campagne…