
Dans sa vidéo, Audrey Dutilly explique les effets de la négligence parentale sur le développement des sons de la parole chez des enfants québécois âgés de 3 et 4 ans.Dans sa vidéo intitulée Voix de guerre, Joseph Gagné est d'abord filmé au Michigan, puis dans le Vieux-Québec.
— SSHRC-CRSH
Le choix des 25 finalistes s'est fait parmi près de 200 concurrents, tous des étudiants de niveau postsecondaire au Canada. Vingt-quatre experts composaient le jury. Le défi des participants consistait à expliquer, dans une vidéo de trois minutes ou en 300 mots, en quoi un projet de recherche financé par le CRSH pouvait aider les Canadiens à comprendre et à améliorer le monde qui les entoure.
La présentation d'Audrey Dutilly portait sur les effets de la négligence parentale sur le développement des sons de la parole chez des enfants québécois âgés de 3 et 4 ans. Au Canada, les enfants négligés sont environ 60 000. À l'occasion d'un stage, elle a voulu savoir si ces enfants apprenaient les sons de leur langue maternelle de la même façon que les enfants ne souffrant pas de négligence. La négligence survient lorsque les parents ne répondent pas aux besoins fondamentaux d'un enfant. Il est par ailleurs bien établi qu'avoir de bonnes habiletés de langage oral aide les enfants à mieux s'intégrer à la garderie ou à l'école.
«J'ai comparé à trois reprises, à 36, 42 et 48 mois, les données d'enfants négligés à celles d'enfants non négligés âgés entre 3 et 4 ans, explique Audrey Dutilly. Les résultats préliminaires montrent que les négligés sont très en retard pour produire les sons de la parole. Cela est vrai aux trois temps de mesure. Par exemple, ils ne choisissent pas les bonnes consonnes pour produire plusieurs mots.»
L'étudiante a adoré sa première expérience en réalisation vidéo. «J'ai toujours aimé communiquer avec les gens, dit-elle. Cela m'a permis de laisser aller ma créativité. Écrire le scénario m'a pris entre 15 et 20 heures. J'ai gardé en tête de guider le téléspectateur et de rendre accessible mon récit au grand public.»
La recherche doctorale de Joseph Gagné porte sur le renseignement militaire, dans l'armée française, durant la guerre de Sept Ans en Amérique du Nord. Dans sa vidéo, l'étudiant affiche un grand naturel. «J'ai des années d'expérience comme guide dans le Vieux-Québec», indique-t-il. Les premières images de sa vidéo ont été tournées au Michigan, au bord de la rivière Saint-Joseph, alors qu'il passait les Fêtes chez la famille de sa copine. Cette rivière était l'une des nombreuses voies d'eau utilisées par les Français durant leurs explorations. «Mon plan original était de filmer sur les plaines d'Abraham, mais les tempêtes de neige et mon horaire chargé m'en ont empêché, raconte-t-il. C'est donc un bel adon que j'ai passé les Fêtes au Michigan, un lieu riche pour l'histoire de la Nouvelle-France.»
À son apogée au milieu du 18e siècle, la Nouvelle-France couvrait un immense territoire correspondant aux deux tiers du continent nord-américain. Sa population n'était que de 80 000 habitants. Les 13 colonies britanniques d'Amérique du Nord, elles, comptaient 1,6 million de personnes. «Le renseignement militaire français s'appuyait sur des structures de communication assez pauvres, souligne Joseph Gagné. Elles dépendaient des déplacements en canot pour rejoindre chaque fort.» La colonie ne bénéficiait pas, comme en France, de relais de poste pour l'acheminement du courrier. «Il n'y avait rien de formel, dit-il. Durant la guerre de Sept Ans, on fonctionnait avec les moyens du bord. Ainsi, les officiers qui convoyaient des vivres de poste en poste transportaient du courrier militaire.» Le renseignement prenait aussi la forme de cartes géographiques. «Pour espérer bien se battre, soutient-il, il faut bien connaître le terrain. En 1755, sachant que la guerre allait éclater, les Français ont produit plusieurs cartes du territoire.» Et l'espionnage? Selon Joseph Gagné, les alliés amérindiens ont espionné les mouvements de l'armée britannique. Mais les textes anciens demeurent vagues sur les activités d'espionnage en général. «Ce travail est basé sur le secret, explique-t-il. On sent la présence des espions dans les archives, mais on les voit rarement. Montcalm, dans ses écrits, ne donne pas leur nombre. Il y fait allusion.»
Durant le conflit, les Français lançaient des soldats et des Amérindiens aux trousses des messagers ennemis, surnommés les «lettres vivantes», qui transportaient des informations stratégiques. Le renseignement servait aussi à la propagande. Les Britanniques disposaient d'une véritable «machine à propagande» en publiant des informations militaires dans les journaux coloniaux afin d'inciter les hommes à s'enrôler. Tout compte fait, le renseignement militaire a-t-il influencé l'issue du conflit? «Pour le spécialiste John Keegan, le renseignement ne gagne pas les guerres, répond Joseph Gagné. C'est la force brute qui compte. Lors de la reddition de Montréal en 1760, 2 000 soldats français faisaient face au rouleau compresseur britannique fort de 17 000 hommes.»