
Les parcours d’apprentissage proposés par les Chantiers d’avenir auront pour objectif de former des leaders en résolution de problèmes complexes capables de transformer la société.
Les professeurs Serge Lacasse, de la Faculté de musique, et Jonathan Gaudreault, du Département d'informatique et de génie logiciel, sont coresponsables du chantier Relève 4.0: Laboratoire interdisciplinaire d'innovation numérique et entrepreneuriale. Pour sa part, le professeur Sébastien Tremblay, de l'École de psychologie, dirige le chantier Intelligence urbaine – Innovation en partenariat. La troisième proposition, quant à elle, était présentée par les professeurs Stephanie Lloyd, du Département d'anthropologie, et Pierre-Olivier Méthot, de la Faculté de philosophie. Elle portait sur l'analyse transdisciplinaire d'enjeux sociaux et de santé publique complexes tels que l'infertilité, la résistance aux antibiotiques et les pandémies émergentes comme l'obésité et les virus.
En quelques mots, les Chantiers d'avenir sont de nouvelles approches de formation élaborées pour répondre à des enjeux sociétaux complexes. Ils se caractérisent par une forte interdisciplinarité et des approches pédagogiques novatrices centrées sur l'apprentissage expérientiel et par projets.
«Les propositions retenues feront éclater la notion de cours conventionnel, notamment par des activités de tutorat et d'accompagnement des étudiants dans le milieu, indique le vice-recteur adjoint aux études et aux affaires étudiantes, Claude Savard. Nous voulons sortir des sentiers battus afin de répondre de façon adaptée à des besoins urgents de formation face à des thématiques sociales complexes pour lesquelles les formations actuelles ne suffisent pas. Les parcours d'apprentissage auront pour objectif de former des leaders en résolution de problèmes complexes capables de transformer la société.»
Dans le cadre du chantier Relève 4.0: Laboratoire interdisciplinaire d'innovation numérique et entrepreneuriale, les étudiants de toutes les cohortes partageront une formation de base commune. Chacune des cohortes réalisera un projet distinct qui exigera la collaboration d'étudiants aux compétences différentes et complémentaires. Dans ce laboratoire, les étudiants baigneront dans une culture numérique afin de répondre à des enjeux majeurs de société.
La première cohorte devra proposer un système de watermarking (tatouage numérique) permettant d'intégrer un code d'identification universel des enregistrements aux fichiers audionumériques. Ils apprendront ainsi à créer une entreprise qui s'appuie sur l'innovation numérique pour répondre aux besoins de partenaires de l'industrie musicale et du droit d'auteur. Les étudiants devront développer des compétences telles que gérer la complexité des disciplines impliquées comme l'informatique, la musique, le droit et le marketing, collaborer, s'adapter aux exigences multiples du milieu et faire preuve de créativité.
«L'enjeu de société est de redonner leur valeur aux pratiques artistiques et aux artistes, que ce soit par le droit de reproduction, le droit de rémunération équitable ou le droit lié à la copie privée, explique le professeur Lacasse. Ces pratiques ont beaucoup perdu, notamment par le piratage des œuvres.»
La seconde cohorte d'étudiants du chantier Laboratoire interdisciplinaire d'innovation numérique et entrepreneuriale vivra la mise sur pied d'une entreprise manufacturière en mode 4.0, soit le concept avant-gardiste de l'usine entièrement connectée. «Ce sera un appel à résoudre des défis auprès de plusieurs facultés, soutient le professeur Gaudreault. Un produit devra être inventé, un système de production automatisé devra être développé et un modèle d'affaires devra être conçu. Les étagères en bois qui sortiront de la ligne de production pourront être utilisées sur le campus.»
Le chantier sur l'intelligence urbaine tirera parti de la mission de l'Unité mixte de recherche en sciences urbaines, que le professeur Tremblay dirige depuis trois ans. L'intelligence urbaine peut se définir comme la capacité à comprendre les dynamiques urbaines en mobilisant des compétences et un raisonnement spatial afin de résoudre des problèmes complexes. Les trois axes de recherche seront le transport et la mobilité, la gouvernance et la sécurité publique.
«Nous voulons innover sur le plan des moyens pédagogiques en mettant l'accent sur la pédagogie expérientielle, explique-t-il. Je ne suis pas certain que l'étudiant d'aujourd'hui veuille faire cinq cours magistraux dans la semaine ni travailler avec seulement les gens de sa discipline. Parmi les formations offertes, mentionnons les ateliers sur le design thinking et le jeu sérieux. La colle qui tiendra le tout ensemble sera le tuteur qui accompagnera l'étudiant dans son parcours.»
La rectrice Sophie D'Amours qualifie les projets proposés de «fantastiques». «J'ai été franchement renversée par l'ensemble des propositions», indique-t-elle. Elle considère «extrêmement positive» la réponse des professeurs et des partenaires qui se sont mobilisés en peu de temps. «Nos enseignants ont démontré un appétit pour expérimenter, souligne-t-elle. Ils se définissent dans de nouveaux créneaux: ils ne recyclent rien! Je pense que les Chantiers d'avenir vont imaginer les métiers de demain et que cela aura un effet important sur nos formations.»