
Des styles différents
«Le style de gestion de Michelle Béliveau et de Jacques Mercier est tout à fait différent, résume Sophie Émond. Jacques Mercier privilégie un style très direct et il envisage très vite l’échange de joueurs comme solution s’il n’obtient pas le rendement attendu, sans chercher à comprendre plus en profondeur ce qui cause les mauvaises performances des joueurs. Au contraire, Michelle Béliveau estime qu’il faut prendre le temps nécessaire pour tenter de régler ce qui nuit à leur rendement.» Par ailleurs, les deux entraîneurs n’exercent pas leur mentorat de la même façon. Si Jacques Mercier prodigue le plus souvent ses conseils en présence de toute l’équipe au vestiaire, Michelle Béliveau mise plutôt sur une approche individuelle. Ainsi, elle rencontre au restaurant le capitaine de l’équipe aux prises avec des difficultés sur le plan personnel et n’hésite pas à se rendre à la résidence d’un joueur faussement accusé de possession de drogue afin de lui apporter son soutien.
«L’écoute de Michelle Béliveau, son bon jugement et ses conseils avisés nous sont présentés comme des caractéristiques facilitant le contact et la collaboration des joueurs, explique Sophie Émond. Si la représentation proposée par Réjean Tremblay avec le personnage de Michelle Béliveau n’est pas atypique de l’œuvre globale de l’auteur - qu’on pense à un autre personnage de femme forte comme la journaliste sportive Linda Hébert créée dans la même série -, elle l’est toutefois en regard de la tradition du téléroman québécois. Certains diront que des personnages comme Émile Bordeleau dans Les Filles de Caleb ou Blanche Pronovost dans Blanche ont défié les barrières du genre et de la société, mais il s’agit là de représentations d’un autre temps et d’un contexte social différent. En ce sens, Michelle Béliveau est un personnage qui a fait sa marque dans notre univers télévisuel. Sa présence reflète également le contexte social québécois où l’homme et la femme peuvent de plus en plus occuper des postes d’autorité et travailler dans les mêmes milieux, de même que l’accessibilité des femmes à de nouvelles professions.»