
Les travaux de doctorat de Salma Taktek ont démontré que la fertilisation assurée par certains microorganismes, en conjonction avec le phosphate du sol ou avec des doses réduites d'engrais chimiques, permet d'atteindre des niveaux de production végétale comparables à ceux obtenus à l'aide de doses élevées d'engrais.
— Benjamin Turquet
La découverte qui a séduit le public est le fruit des travaux de doctorat de Salma Taktek, du Département des sols et du génie agroalimentaire. La chercheuse, maintenant à l'emploi de l'entreprise Premier Tech, a fait connaître sa percée dans un article qu'elle a publié l'automne dernier dans la revue Soil Biology & Biochemistry. L'article était cosigné par Paola Magallon Servin et Hani Antoun, du Département des sols et de génie agroalimentaire, Yves Piché et J. André Fortin, du Département des sciences du bois et de la forêt, Marc Saint-Arnaud, de l'Université de Montréal, et Martin Trépanier, de Premier Tech. Leurs travaux ont démontré que la fertilisation assurée par certains microorganismes, en conjonction avec le phosphate du sol ou avec des doses réduites d'engrais chimiques, permet d'atteindre des niveaux de production végétale comparables à ceux obtenus à l'aide de doses élevées d'engrais chimiques.
Cette fertilisation naturelle est attribuable à des bactéries qui se fixent à des champignons vivant eux-mêmes en symbiose sur les racines des plantes. Des acides organiques produits par ces bactéries solubilisent le phosphate présent dans les sols, rendant ainsi le phosphore disponible aux champignons puis aux plantes. Ce qu'on croyait être un mariage plante-champignon est en fait un ménage à trois dans lequel les bactéries jouent un rôle crucial. Cette fertilisation phosphatée naturelle, moins énergivore et moins polluante que la production d'engrais chimiques, pourrait réduire les impacts écologiques de l'agriculture et de la foresterie.
Voir ses travaux retenus parmi les 10 découvertes de l'année de Québec Science était déjà un grand honneur pour Salma Taktek. «C'était une excellente occasion de faire connaître mes travaux. Le fait d'être choisie par le jury de Québec Science démontrait que mes recherches ont des retombées concrètes et positives. Le prix du public est la cerise sur le gâteau!»
Comment expliquer le succès populaire de cette percée scientifique tout de même assez technique? «Je crois que c'est parce qu'elle ouvre la porte à une nouvelle révolution verte qui permettra de minimiser l'utilisation d'engrais chimiques pour laisser la place aux produits biologiques écologiquement acceptables.»
Pour en savoir plus sur cette percée, regardez la vidéo Adieu engrais chimiques.