Le syndrome métabolique est une condition médicale qui se manifeste par une combinaison d'au moins trois des cinq éléments suivants: hypertension, taux de glucose élevé, taux de triglycérides élevé, taux de bon cholestérol bas et tour de taille élevé reflétant une accumulation de graisses abdominales. Au Canada, 20% des adultes sont atteints de ce syndrome qui augmente le risque de diabète et d'accident cardiovasculaire. Les recherches menées au cours des dernières années ont montré que différentes facettes de ce syndrome peuvent être améliorées par une modification des habitudes de vie. Mais est-il envisageable d'intégrer ce type d'intervention, qui nécessite la collaboration de plusieurs professionnels de la santé, dans les activités courantes d'une clinique de médecine familiale?
Pour en avoir le coeur net, Caroline Rhéaume, du Département de médecine familiale et de médecine d'urgence, et Angelo Tremblay, du Département de kinésiologie, tous deux chercheurs à l'Institut universitaire de cardiologie et de pneumologie de Québec, et 10 autres chercheurs canadiens ont recruté 305 personnes atteintes du syndrome métabolique dans trois cliniques de médecine familiale de Québec, Toronto et Edmonton. Chaque participant était encadré par une équipe réunissant un médecin, un kinésiologue et un nutritionniste qui lui proposait un régime alimentaire et un programme d'exercices personnalisés misant sur un changement graduel des habitudes de vie. L'intervention étalée sur 12 mois comprenait 4 visites médicales, une vingtaine de rencontres avec le nutritionniste et autant avec le kinésiologue.
Résultats? À partir du 6e mois suivant le début de l'intervention, plus de 40% des participants avaient éliminé au moins l'un des éléments du syndrome métabolique qu'ils affichaient au départ. Ces améliorations ont permis à environ un participant sur cinq de passer sous le seuil des trois critères définissant le syndrome métabolique. La capacité aérobique, l'indice de la qualité de l'alimentation et l'indice du risque d'accidents coronariens graves avaient aussi connu des améliorations significatives.
«Ces résultats sont globalement positifs, commente Angelo Tremblay. Ils montrent qu'une intervention sur les habitudes de vie peut être envisagée dans une clinique de médecine familiale grâce au travail concerté de trois professionnels de la santé et qu'elle produit des résultats très encourageants et durables pour les personnes atteintes du syndrome métabolique.»
L'implantation de cette intervention dans les cliniques de médecine familiale soulève de nombreux défis, particulièrement au chapitre de son financement, reconnaît le professeur Tremblay. «Qui devrait assumer les coûts? Le gouvernement, les usagers qui profitent du programme, des partenaires privés comme les compagnies d'assurances? Il faut y réfléchir parce que les maladies sociétales ont des répercussions très importantes et qu'il est grand temps que, personnellement et collectivement, nous investissions davantage dans les bonnes habitudes de vie.»