
Jean-Pierre Julien, au Centre de recherche du CHUQ: «Une découverte qui nous met sur la piste de nouveaux traitements».
— Marc Robitaille
La SLA est une maladie qui se caractérise par une dégénérescence des neurones qui contrôlent l'activité musculaire. Cette atteinte des neurones moteurs, dont les premières manifestations surviennent à l'âge adulte, entraîne un affaiblissement progressif des bras et des jambes, suivi d'une paralysie musculaire et, deux à cinq années plus tard, par des problèmes respiratoires graves qui conduisent à la mort. Il n'existe présentement aucun traitement pour stopper cette maladie qui frappe de 5 à 7 personnes sur 100 000.
Les chercheurs ont comparé le génome de 705 personnes atteintes de SLA, recrutées en France, en Suède et au Québec, à celui de 751 personnes en bonne santé. Ils ont ainsi découvert une mutation, appelée P413L, qui accroît par un facteur 2,2 le risque de développer la maladie. Lorsque les analyses sont limitées aux malades vivant en France et au Québec, ce facteur de risque grimpe à 3,3 fois. Ce même gène constitue également un marqueur de déclenchement précoce de SLA puisque ceux qui le portent manifestent les premiers symptômes de la maladie dix ans plus tôt que les autres malades.
La mutation P413L affecterait la synthèse de la chromogranine B, un neuropeptide qui joue un rôle dans la communication avec les autres cellules. «Nous croyons que la mutation perturbe le système de sécrétion des neurones, ce qui cause un stress important à certaines structures cellulaires qui y sont associées. Nous réalisons présentement des expériences pour tester la validité de cette hypothèse», souligne le responsable de l'étude, Jean-Pierre Julien, du Centre de recherche du CHUQ.
Même si cette mutation n'est présente que chez 17 % des Québécois atteints de SLA, elle pourrait livrer de précieux renseignements sur les mécanismes cellulaires impliqués dans le déclenchement de la maladie, estime le chercheur. «On ne connaît pas encore le mécanisme d'action en cause, mais nos expériences montrent que la surproduction de chromogranines accélère la dégénérescence des neurones moteurs chez des souris transgéniques qui servent de modèles à l'étude de la SLA.»
Le professeur Julien croit que la découverte du gène P413L pourrait conduire à la mise au point d'un traitement visant à diminuer l'expression de ce gène ou encore à neutraliser les effets nocifs de la protéine qui en résulte. «Au Québec, 17 % des personnes atteintes de SLA pourraient profiter d'un tel traitement. Il serait possible de déterminer à qui cette thérapie devrait être proposée grâce à un test diagnostic ciblant cette mutation», précise-t-il.