Les écrans solaires qu'on retrouve sur le marché préviennent les coups de soleil en bloquant, en réfléchissant ou en absorbant les rayons ultraviolets. Toutefois, même les plus efficaces d'entre eux laissent passer une partie des radiations solaires pouvant causer des dommages à la peau. Une étude menée par des chercheurs de l'Université Laval et des chercheurs brésiliens suggère que l'on pourrait réduire ces dommages en ajoutant, à la formulation des écrans solaires, un composé naturel présent dans la pomme.
Véronique Moulin et Patrick Rochette, de la Faculté de médecine et du Centre de recherche du CHU de Québec – Université Laval, et l'équipe de Maria José Vieira Fonseca, de l'Université de São Paulo, ont testé l'effet de la rutine, un polyphénol présent dans de nombreux végétaux dont la pomme, sur les dommages cutanés causés par une exposition aux UVB.
Les tests ont été réalisés in vitro sur de la peau humaine (provenant de chirurgies esthétiques) et sur un modèle tridimensionnel de peau produite en laboratoire. Les chercheurs ont comparé différents indicateurs de dommages cellulaires dans des échantillons cutanés sur lesquels ils avaient appliqué un onguent contenant de la rutine et dans des échantillons cutanés non protégés.
Les résultats, qui viennent de paraître dans la revue Rejuvenation Research, indiquent que la rutine a des effets spectaculaires sur la réduction des dommages cutanés causés par les UVB. En effet, ce polyphénol réduit fortement la mortalité cellulaire, l'activation d'une enzyme associée à la mort cellulaire (caspase-3), la formation de composés pouvant causer des mutations (les dimères cyclobutyliques de pyrimidine), et la production de dérivés réactifs de l'oxygène, des composés instables qui interfèrent avec plusieurs mécanismes cellulaires.
Ces résultats constituent une preuve de concept encourageante, mais les effets de la rutine doivent être testés en conditions réelles, prévient Véronique Moulin. «L'idée n'est pas de remplacer les écrans solaires existants par des onguents de rutine. Nous envisageons plutôt l'ajout de rutine aux formulations d'écran solaire pour en élargir le spectre d'action. Les écrans solaires existants sont des bloqueurs physiques des UVB alors que la rutine agirait sur les mécanismes de défense et de réparation cellulaires.»