Son terrain de jeu est l’école primaire Tshishteshinu. Une centaine d’enfants y apprennent le français, mais aussi la langue et la culture innues. L’auxiliaire de recherche travaille à la conception d’un tipi qui sera installé à proximité de l’établissement et dans lequel les élèves pourront poursuivre leur apprentissage.
«J’ai rencontré les enseignants et les élèves pour me faire une idée de leurs attentes et besoins en espace, explique Stéphanie Dion. À partir de là, j’ai fait des esquisses et des maquettes. L’idée est de collaborer avec eux à un projet qu’ils vont apprécier.»
La première phase des travaux débutera en octobre, avec la construction d’une plateforme sur laquelle sera posé le tipi. La directrice de l’école, Marie Fontaine, attend ce moment avec impatience. «D’habitude, on installe une tente derrière chez moi. On y amène les élèves pour vivre des activités culturelles. Le problème, c’est qu’il faut la monter et la démonter chaque année», déplore-t-elle. De toute évidence, une structure permanente et résistante à l’eau était nécessaire. «J’ai très hâte que ça se réalise!»
Robert Lavoie, lui, a été mandaté par la population de Pessamit, près de Forestville, pour concevoir des plans de shaputuan. Cette tente traditionnelle abrite les rassemblements lors de fêtes ou d’occasions spéciales.
Dans ce cas-ci, il est question d’un modèle démontable, adapté aux besoins actuels des communautés tout en respectant leur héritage culturel. «On nous a demandé de voir ce que pouvait être un shaputuan contemporain adapté aux activités d’aujourd’hui, précise-t-il. Par exemple, il pourra servir à une remise de diplômes ou un rassemblement des aînés, parce que les Innus se rassemblent une fois par année pour des cérémonies religieuses, des chants ou des contes et légendes.» L’étudiant a d’ailleurs assisté à l’une de ces cérémonies avant de se lancer dans la conception et la construction d’un prototype qui sera proposé sous peu aux membres de la réserve.
Audrey Harvey a pour sa part parcouru plus de 4 500 km, de la Côte-Nord au Saguenay, la voiture chargée d’une vingtaine de maquettes réalisées dans un cours d’architecture vernaculaire. À partir d’illustrations, ses collègues et elle ont représenté diverses constructions innues modernes et traditionnelles: abris, chalets, maisons et bungalows.
La jeune femme pousse maintenant plus loin les recherches en demandant aux principaux intéressés de commenter les maquettes. «Par mes questions, je cherche à comprendre comment les matériaux de construction ont évolué avec la sédentarisation des populations et ce qui justifie leur utilisation, dit-elle. Par exemple, pourquoi utiliser l’épinette noire plutôt que le bouleau?»
Lors d’un entretien, un septuagénaire regarde avec fierté un modèle réduit de sa maison et explique comment il a construit le petit abri en toile qui trône dans sa cour arrière. «C’est fait avec des branches d’aulne. Tu les relies ensemble avec de la racine d’épinette.» Il sourit lorsque Audrey Harvey lui demande quelle est la fonction de ce type de construction. «On fait des cérémonies, on rencontre des amis et on relaxe. On entend les voisins et tout ce qui se passe autour. C’est bon d’entendre!»
Les informations recueillies lors de ces rencontres donneront lieu à un ouvrage rappelant les modes de construction traditionnels. Les maquettes seront quant à elles exposées cet automne au Musée de Charlevoix, au Conseil de bande de Uashat, près de Sept-Îles, et au Centre d’affaires de Pessamit.
Les projets de l’ARUC Tetauan sont pilotés par Mona Belleau, coordonnatrice, André Casault, professeur à l’École d’architecture, et sa collègue Geneviève Vachon. Quelques étudiants du Département d’anthropologie participent également aux recherches, sous l’égide du professeur associé Paul Charest.
Voyez Robert Lavoie et Audrey Harvey au travail. Notre collaborateur a tourné de brèves capsules vidéo sur plusieurs projets Tetauan.