
Les trois chercheurs dont les travaux ont été récompensés par le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada sont Sylvain Moineau, Laurent Drissen et Christian Landry.
— Martin Lipman
Sylvain Moineau a remporté le prix John-C.-Polanyi, qui récompense un chercheur dont les travaux sont à l'origine d'une percée scientifique récente et remarquable. Ce prix s'accompagne d'une subvention de recherche de 250 000$. Le professeur Moineau remporte ce prix pour souligner sa participation à la découverte et à la compréhension du système d'édition du génome CRISPR-Cas9.
Le génome des bactéries comporte des segments d'ADN appelés CRISPR (Clustered Regularly Interspaced Short Palindromic Repeats). Ils sont composés de séquences répétitives séparées par des séquences non répétitives nommées espaceurs. Les séquences CRISPR sont adjacentes à des séquences codantes pour des enzymes qui coupent l'ADN (Cas). Dans une série d'articles publiés depuis 2007, l'équipe du professeur Moineau a démontré que les bactéries acquièrent de nouveaux espaceurs à même le matériel génétique des virus qui les attaquent. Lors d'attaques ultérieures de ces virus, les bactéries réagissent en convertissant ces espaceurs en molécules d'ARN qui s'associent à une protéine Cas pour couper l'ADN viral en un point précis, empêchant ainsi la multiplication des virus.
En 2012, des chercheurs ont eu l'idée de faire appel à ce système pour créer un outil d'édition des génomes. Depuis, cette technologie a des répercussions majeures en recherche parce qu'elle permet de cibler avec précision une région du génome, de la couper et ensuite de réparer la coupure, ce qui permet de corriger une mutation ou même de remplacer un gène. Cet outil laisse entrevoir de multiples possibilités, notamment du côté de la correction de gènes responsables de maladies génétiques. «Avec le recul, c'est assez incroyable de penser qu'au départ on voulait simplement sélectionner de meilleures bactéries pour faire du yogourt et voilà qu'aujourd'hui on envisage de traiter des personnes avec CRISPR-Cas9», commente le professeur Moineau.
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Au 7e ciel
Laurent Drissen et son partenaire industriel ABB de Québec ont remporté l'un des quatre prix Synergie pour l'innovation, qui récompensent un partenariat durable, efficace et exemplaire entre des chercheurs et une entreprise. Ce prix s'accompagne d'une subvention de recherche de 200 000$ pour le professeur Drissen. De son côté, ABB reçoit un bon de 30 000$ applicable à un nouveau projet de recherche et développement du CRSNG.
Ce prix Synergie souligne la collaboration que le professeur Drissen et ABB ont amorcée il y a 16 ans et qui a mené, dans un premier temps, à la conception et à la construction d'un prototype d'observation astronomique, le spectromètre imageur SpIOMM. Cet instrument est utilisé depuis 2004 à l'Observatoire du Mont-Mégantic. La suite des travaux a conduit au développement d'une version améliorée de cet instrument, SITELLE, qui a été installée au Télescope Canada-France-Hawaï (TCFH) en août 2015. «Le fait que 11 étudiants à la maîtrise et 6 étudiants au doctorat ont consacré leur mémoire ou leur thèse à ce projet a sûrement joué en notre faveur auprès du comité de sélection du prix Synergie», estime Laurent Drissen.
SITELLE collecte des données astronomiques beaucoup plus efficacement que les instruments du même type, souligne le chercheur. Il permet d'obtenir l'image et le spectre de l'ensemble d'un objet céleste en une seule opération et il génère un spectre pour chacun des 4,2 millions de pixels que contient chaque image qu'il produit. Depuis janvier 2016, SITELLE fait partie des quatre instruments auxquels ont accès les chercheurs qui utilisent le TCFH.
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Au coeur de l'évolution
Christian Landry est le titulaire d'une des six bourses commémoratives E.W.R.-Steacie remises à de jeunes scientifiques qui ont déjà de nombreuses réalisations exceptionnelles à leur actif et qui sont promis à un brillant avenir. Chaque bourse est dotée d'une subvention de 250 000$ répartie sur deux ans.
Les recherches du professeur Landry se situent à l'interface de la biologie cellulaire, de l'évolution et de la biologie médicale. Ses travaux, qui visent à mieux comprendre la mécanique de l'évolution des espèces et le fonctionnement de ses rouages à l'échelle cellulaire et moléculaire, permettent de mieux comprendre l'origine de la biodiversité et les processus évolutifs qui façonnent le monde vivant. «Ils permettent aussi de comprendre pourquoi certains changements dans l'ADN mènent à des maladies, alors que d'autres ne le font pas, ajoute le chercheur. Les principes élucidés par nos travaux permettront aussi d'améliorer les systèmes utilisés dans les biotechnologies.»
Titulaire de la Chaire de recherche du Canada en biologie évolutive des systèmes cellulaires, Christian Landry compte déjà plus de 80 articles scientifiques à son actif et il a participé à la formation de plus de 50 étudiants-chercheurs et stagiaires postdoctoraux.
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