
La prise de nitrates de betterave ne permet pas de compenser la sous-oxygénation des muscles de la jambe entraînée par la charge de travail intense et la position accroupie des patineurs de vitesse sur courte piste.
— Korea.net
Des études menées antérieurement montrent que les nitrates, que l'on trouve en abondance dans certains légumes dont la betterave, peuvent agir sur certains paramètres physiologiques liés à la performance sportive. Une fois ingérés, ces nitrates sont transformés en nitrites, puis en monoxyde d'azote, une molécule qui favorise la dilatation des vaisseaux et l'augmentation du débit sanguin. Le monoxyde d'azote agirait également sur l'efficience des mitochondries et sur la contractilité des fibres musculaires de type II. «Le résultat est une amélioration de la livraison de l'oxygène aux muscles et une réduction du coût énergétique de la locomotion», résume François Billaut, professeur au Département de kinésiologie.
Jusqu'à présent, les effets positifs d'une supplémentation en nitrates ont surtout été observés chez les sportifs récréatifs qui s'adonnent à des activités de type aérobique telles que la course à pied et le cyclisme. L'augmentation de la capacité aérobique maximale peut atteindre 5% chez ces sportifs. Par contre, peu d'études se sont attardées aux athlètes d'élite, en particulier ceux qui pratiquent des disciplines à prédominance anaérobique comme le patinage de vitesse sur courte piste.
Pour jeter un peu de lumière sur la question, l'équipe dirigée par le professeur Billaut a demandé à neuf patineurs d'élite de consommer quotidiennement, pendant cinq jours, 115 ml de jus renfermant une dose élevée (400 mg) ou une dose faible (55 mg) de nitrates provenant de la betterave. Le cinquième jour, deux heures avant de participer aux tests physiques, les sujets devaient ingurgiter une deuxième dose de jus «pour maximiser les chances d'avoir un effet et pour calquer ce que certains athlètes ont l'habitude de faire le jour d'une compétition», précise François Billaut. Tout ce protocole expérimental a été répété de façon à ce que chaque athlète se retrouve à tour de rôle dans les groupes recevant une dose élevée et une dose faible de nitrates.
Les tests physiques auxquels ont été soumis les participants consistaient à effectuer deux contre-la-montre individuels de 1000 mètres séparés par une pause de 35 minutes. Cette situation reproduit ce qui se passe lors des compétitions importantes alors que plusieurs épreuves sont disputées en peu de temps.
Les analyses des chercheurs montrent que les taux de nitrates et de nitrites mesurés dans la salive des participants avant chaque contre-la-montre étaient respectivement 81% et 71% plus élevés dans le groupe qui recevait le jus à dose élevée en nitrates. Malgré cela, les performances des patineurs des deux groupes étaient identiques. «De plus, nous n'avons noté aucune différence au chapitre de la fréquence cardiaque pendant le test et de la concentration des lactates après coup, souligne le professeur Billaut. Les athlètes ont donc obtenu des résultats identiques au terme d'un stress métabolique similaire. Par ailleurs, la supplémentation en nitrates n'a eu aucun effet sur la récupération entre les deux épreuves.»
À la lumière de ces résultats, le chercheur estime que la prise de doses élevées de nitrates sur une brève période ne procure aucun avantage aux patineurs de vitesse sur courte piste. Et si on augmentait la dose et la durée du traitement? «Les résultats pourraient être différents, mais je pense, que s'il y avait un effet dose-réponse, on aurait dû observer une tendance dans notre étude et ça n'a pas été le cas.»
Le chercheur croit que la prise de nitrates risque d'avoir plus d'effets chez les athlètes d'élite qui pratiquent des disciplines ayant une composante aérobique plus forte. «Les effets seraient sans doute moindres que ce qu'on observe chez les sportifs récréatifs, mais, à leur niveau, une différence de 1% à 2% peut se traduire par une place sur le podium.»
L'étude parue dans l'International Journal of Sports Physiology and Performance est signée par Philippe Richard et François Billaut, du Département de kinésiologie de l'Université Laval, Lymperis P. Koziris, de l'Université McGill, Mathieu Charbonneau et Catherine Naulleau, de l'Institut national du sport du Québec, et Jonathan Tremblay, de l'Université de Montréal.

Des études ont démontré que les nitrates, que l'on trouve en abondance dans certains légumes dont la betterave, peuvent agir sur certains paramètres physiologiques liés à la performance sportive.