Une étude exploratoire publiée dans le Scandinavian Journal of Pain par une équipe de l'Université Laval et de l'Université McGill suggère que des étirements passifs et prolongés du dos diminuent la sensibilité à la douleur. Si ces résultats sont confirmés auprès de patients souffrant de maux de dos chroniques, cette intervention pourrait devenir un outil intéressant dans la lutte contre le fléau que constituent les douleurs lombaires.
Pour les besoins de leur étude, les chercheurs ont recruté 22 sujets en bonne santé et exempts de maux de dos. Les participants ont d'abord subi un test servant à mesurer leur seuil de sensibilité à la douleur au niveau des muscles du bas du dos et de l'avant-bras. «À l'aide d'un algomètre, nous augmentons progressivement la pression exercée sur le muscle jusqu'à ce que le seuil de douleur soit atteint», explique le responsable de l'étude, Hugo Massé-Alarie, professeur au Département de réadaptation de l'Université Laval et chercheur au Centre interdisciplinaire en recherche en réadaptation et intégration sociale.
Par la suite, les sujets ont exécuté une séance d'étirement des muscles du dos. Pendant trois minutes, ils devaient rester allongés en position dorsale, les jambes repliées sur la poitrine. Un rouleau en mousse placé sous le sacrum et une sangle ceinturant leurs cuisses assuraient le maintien de la position, en minimisant les contractions musculaires. «En général, après 30 secondes, les étirements ne procurent pas de bénéfice supplémentaire pour la flexibilité musculaire. Par contre, comme nous nous intéressons à la sensibilité à la douleur, nous avons utilisé une durée suffisamment longue pour créer un inconfort chez les sujets», explique le professeur Massé-Alarie.
Les chercheurs ont ensuite retesté les participants avec l'algomètre. Résultats? «Les étirements du dos ont augmenté de façon significative le seuil de sensibilité à la douleur. Cette tolérance plus élevée a été notée non seulement dans le bas du dos, mais aussi à l'avant-bras. L'effet semble systémique, comme si les étirements provoquaient une réaction au niveau du système nerveux central.»
Les répercussions cliniques de ces résultats restent à préciser, souligne prudemment le chercheur, qui rappelle qu'une douleur provoquée diffère d'une douleur spontanée. Toutefois, si l'efficacité des étirements pour élever le seuil de tolérance à la douleur était confirmée chez des personnes souffrant de maux de dos, on pourrait les utiliser à deux fins, poursuit-il. «D'une part, ils pourraient aider les patients à gérer leur douleur à court terme. D'autre part, comme leur tolérance à la douleur serait plus grande, ils craindraient moins de faire les exercices de réadaptation qui leur sont recommandés.»
L'étude publiée dans le Scandinavian Journal of Pain est signée par Hugo Massé-Alarie, Mikaël Desmons et Catherine Mailloux, de l'Université Laval, et Marie-Claude Larouche, Samuel Camiré Bernier, Rosalie Racine et Olivier Collin, de l'Université McGill.