
Cette nouvelle bactérie, découverte par Alba Bernal et caractérisée par Marc-Christian Domingo, provient d’échantillons de selles recueillis lors d'un programme de surveillance de patients hospitalisés qui ne répondaient pas aux traitements à la vancomycine. Cet antibiotique est utilisé en dernier recours pour venir à bout d’infections qui résistent aux autres médicaments. Les chercheurs croyaient que la résistance à la vancomycine provenait d’une bactérie entérocoque, mais ils ont eu la surprise de découvrir une autre espèce qui possédait un gène de résistance à cet antibiotique.
Il existe entre 1 000 et 1 500 espèces de bactéries dans l’intestin humain. Si à peine la moitié d’entre elles ont été identifiées et caractérisées, c’est qu’en raison de leurs exigences particulières, il est très difficile de les cultiver in vitro, précise le professeur Domingo. L’équipe du CRI a dû recourir à des techniques sophistiquées pour parvenir à cultiver C. lavalense en laboratoire.
Cette bactérie n’est pas nocive en soi, mais les chercheurs craignent qu’elle transmette ses gènes de résistance à des espèces pathogènes comme le C. difficile. En effet, les bactéries ont recours à divers stratagèmes pour s’échanger allègrement du matériel génétique entre espèces. L’éventualité que C. lavalense agisse comme agent de transmission est d’autant plus probable que son gène de résistance à la vancomycine est situé sur un élément mobile de son génome, souligne le professeur Domingo.
Il n’existe pas de solution miracle pour prévenir la propagation entre bactéries de gènes de résistance aux antibiotiques. «Les mécanismes de l’évolution font en sorte que la résistance à un antibiotique va éventuellement se propager aux autres bactéries, rappelle le chercheur. Nous ne pouvons que retarder le moment où la chose se produira en appliquant à la lettre les recommandations sur le bon usage des antibiotiques.»