
Les paris sportifs représentent environ 15% des recettes de l'industrie légale des jeux de hasard et d'argent et ils viennent au 2e rang au chapitre de la prévalence du jeu problématique, tout juste derrière les appareils de jeux vidéo.
Les paris sportifs représentent environ 15% des recettes de l'industrie légale des jeux de hasard et d'argent. Ils viennent au 2e rang au chapitre de la prévalence du jeu problématique, tout juste derrière les appareils de jeux vidéo. Pour mieux cerner le profil des parieurs sportifs et leurs croyances, Jonathan Mercier, Christian Jacques, Annie Goulet et Isabelle Giroux, de l'École de psychologie, Serge Sévigny, de la Faculté des sciences de l'éducation, et Michael Cantinotti, de l'UQTR, ont analysé 31 études publiées entre 1980 et 2014 dont l'objet était les parieurs sportifs. «La plupart de ces études sont consacrées aux personnes qui misaient sur les courses de chevaux, constate l'étudiant-chercheur Jonathan Mercier. C'était un sujet de recherche très populaire dans les années 1980 et 1990. On étudiait les parieurs sur place dans les hippodromes. Avec le déclin des courses de chevaux, d'autres formes de paris sportifs sont apparues, notamment les loteries sportives.»
Les études recensées par les chercheurs révèlent que la plupart des personnes qui s'adonnent aux paris sportifs sont des hommes de 30 à 50 ans. Ils parient plusieurs fois chaque semaine et leur mise hebdomadaire va de 100$ à 200$. «C'est plus que ce qui est proposé comme normes de jeu sécuritaire, précise le doctorant. Une fréquence de pari qui dépasse trois fois par mois et une mise annuelle qui excède 1 000$ sont des indices qui suggèrent qu'il peut y avoir des problèmes de jeu.»
Trois des cinq études qui se sont attardées à la justesse des prédictions concluent que les parieurs font mieux que le hasard à ce chapitre. «Des connaissances poussées sur les équipes, sur les joueurs et sur leurs performances passées et récentes peuvent aider à prédire l'issue d'une rencontre, reconnaît Jonathan Mercier. Par contre, il y a toujours une part de hasard dans le sport, par exemple un joueur clé peut se blesser tôt dans un match. De plus, dans les paris sportifs légaux, il faut faire un minimum de deux prédictions, par exemple quelle équipe va l'emporter et par quelle marge. Cette exigence introduit une plus grande part d'incertitude dans les prédictions.» Une autre raison expliquant pourquoi l'expertise des parieurs ne se convertit pas en gains est que chaque issue possible d'un pari est associée à une cote. Ainsi, parier qu'une équipe dominante de hockey va l'emporter par plus de deux buts sur une équipe faible donne un retour sur la mise beaucoup moins intéressant que la prédiction contraire.
Les 11 études consacrées aux croyances des parieurs montrent que ceux-ci surestiment l'influence de leurs habiletés dans l'issue des paris. «La mise en marché des paris sportifs repose d'ailleurs sur l'illusion que les connaissances des parieurs leur procurent un avantage qu'ils peuvent convertir en gains», constate l'étudiant-chercheur. Les croyances et les perceptions erronées des parieurs ont un rôle central dans le développement de comportements de jeu problématique. «Certains parieurs croient qu'en accumulant plus d'informations, en les analysant plus longuement et en améliorant leur stratégie, ils vont réussir à faire plus de gains. Les conclusions de notre étude peuvent les aider à réévaluer leurs croyances quant au rôle réel des connaissances dans l'issue d'un pari sportif», conclut Jonathan Mercier.