
Le 3 avril 2010, au Centre spatial Kennedy, Jean Beaulieu (à l'extrême droite) livre officiellement à la NASA 24 semis d'épinettes blanches canadiennes qu'il a lui-même empaquetés pour éviter qu'ils ne s'abîment lors du lancement de la navette spatiale Discovery.
— Agence spatiale canadienne
L’expérience, dirigée par Jean Beaulieu avec l’étroite collaboration de l’Agence spatiale canadienne (ASC) et de la NASA, a pour but d’étudier les effets de l’apesanteur, donc de l’absence de gravité, sur la croissance des arbres et sur la génétique de la formation du bois. «L’intérêt, dit-il, est de mieux comprendre comment le bois se forme en général pour en arriver à influencer sa production.» Cette expérience a fait l’objet d’une présentation, le mercredi 16 février au pavillon Adrien-Pouliot, par Daniel Provençal de l’ASC. Sa conférence avait pour thème «La fabuleuse aventure de la science canadienne à bord de la Station spatiale internationale». La SSI est un laboratoire de 110 m de long dont la construction prendra fin en 2011. Depuis 2000, des centaines d’expériences scientifiques, dont 14 canadiennes, ont eu lieu à son bord.
30 jours de croissance en apesanteur
Le 5 avril 2010, Discovery entreprenait sa mission avec, à son bord, 24 semis d’épinette blanche. Trois jours plus tard, 18 des semis les plus sains ont été transbordés dans la SSI et plantés dans l’incubateur de la NASA. Au Centre spatial Kennedy, Jean Beaulieu a pu suivre la croissance des plants grâce à des caméras vidéo. Pendant ce temps, aux fins de comparaison, des semis témoins ont poussé sur Terre dans des conditions similaires. Après 30 jours en apesanteur, la tête et les racines des semis ont été coupées et entreposées au froid. Les racines serviront à étudier le développement des tissus. Les têtes serviront à des analyses génétiques comparées avec les plants ayant poussé sur Terre. Ces analyses se feront au moyen d’une puce mise au point à l’Université Laval.
«Je n’aurais pas pu concevoir ce projet et le suggérer à l’ASC si la puce d'expression des gènes n’avait pas été développée au préalable par le projet de recherche Arborea à l’Université Laval», souligne Jean Beaulieu. Le projet Arborea, dont il est l’un des instigateurs, est financé par Génome Canada et Génome Québec. Ses collègues John Mackay et Jean Bousquet en assurent la direction. «Une fois les échantillons rapportés sur Terre, poursuit le professeur Beaulieu, nous ferons l’extraction de l’ARN de tous les échantillons. Ensuite, nous réaliserons les études d’expression des gènes dans le laboratoire de John Mackay. Nous devrions avoir accès à tous les échantillons au cours du mois de mars. En début d’été, nous devrions avoir à tout le moins des résultats préliminaires.»