On dit qu'une bonne idée ne vient jamais seule. Il semble qu'elle vienne parfois à plus d'une personne simultanément. C'est ce qui s'est produit pour Stéfano Biondo, cartothécaire au Centre GéoStat de la Bibliothèque de l'Université Laval, et pour Benoît Lalonde, géographe de la santé et responsable de travaux pratiques et de recherche au Département de géographie.
Il y a deux semaines, chacun d'eux a eu l'idée de rassembler l'avalanche de données sur la COVID-19 qui s'abat quotidiennement sur nous et de les présenter sous forme de cartes interactives pour que les citoyens puissent visualiser, en un coup d’œil, l'état de la situation. Dès qu'ils ont constaté cette dualité, les deux géographes ont conjugué leurs efforts pour produire une seule version de cet outil, un tableau de bord sur la distribution géographique et temporelle de la COVID-19 au Québec.
Le nombre de visiteurs qui ont utilisé cet outil interactif démontre qu'il répond à un besoin indéniable dans la population. «Depuis sa mise en ligne le 22 mars, il y a eu 114 000 visites sur le site, signale Stéfano Biondo. Depuis quelques jours, nous recevons quotidiennement 20 000 visites, avec une pointe entre 13h et 14h, au moment où les dernières statistiques sont annoncées en point de presse par le gouvernement.» L'animation qui présente l'évolution temporelle du nombre de cas dans toutes les régions du Québec est particulièrement prisée: elle a été consultée plus de 70 000 fois jusqu'à maintenant.
La puissance des cartes
Les deux géographes utilisent le logiciel ArcGIS pour croiser les données sur la COVID-19 avec des données géographiques et démographiques du domaine public. Le tableau de bord qu'ils ont créé permet aux usagers de sélectionner les cartes qu'ils souhaitent consulter.
«Il existe d'autres cartes de la COVID-19 au Québec, mais elles sont plus statiques, souligne Stéfano Biondo. Notre outil est le seul qui réunit autant d'information en un lieu unique et qui offre autant de fonctions interactives. La possibilité de choisir l'échelle de représentation des informations deviendra encore plus importante à mesure que les données à l'échelle des MRC, des arrondissements et des quartiers deviendront accessibles. Nous avons intégré ces données locales pour Montréal et nous le ferons pour la région de la Capitale-Nationale dès que les données seront disponibles.»
Pour Benoît Lalonde, la popularité de l'outil interactif s'explique par le fait que les gens aiment les cartes et les graphiques. «Ils aiment surtout être en mesure de comprendre, d'interpréter et de communiquer ce qu'elles représentent.» À cela, il faut ajouter la nature singulière de la maladie qui sévit. «C'était d'abord une maladie de voyageurs, mais maintenant, nous pouvons tous l'attraper. Avoir accès à des données et pouvoir les interpréter nous donne peut-être une forme d'emprise sur la situation. Moi, ça m'aide.»
De son côté, Stéfano Biondo reconnaît que l'affluence de visiteurs sur le site est une source de pression, mais aussi de motivation. «Dans un contexte de confinement, la réalisation de cet outil nous donne une raison d'être sur le plan professionnel, en plus de nous donner l'impression de faire notre part pour la société.»
Pour utiliser la carte interactive, rendez-vous au https://ulaval.maps.arcgis.com/apps/opsdashboard/index.html#/775aaa4e3a124d6499aeb63bfe8e4ffb