
Il y aura bientôt 20 ans que Louis Fortier est parvenu à mobiliser un important groupe de chercheurs canadiens qui souhaitaient avoir accès à un navire de recherche capable de sillonner les eaux arctiques afin d'y étudier les manifestations des changements climatiques.
— Marc Robitaille
La Fondation canadienne pour l'innovation (FCI) vient d'accorder une somme de 20,7 M$ à l'Université Laval pour soutenir la poursuite des activités du brise-glace de recherche scientifique NGCC Amundsen jusqu'en 2023. Cette somme s'ajoute à une contribution de 7,9M$ déjà octroyée par la FCI jusqu'en 2022 et à un financement de 22,8M$ provenant de partenaires du projet, notamment les usagers du navire et la Garde côtière canadienne.
La demande initiale soumise à la FCI en 2016 a été signée par un groupe de six chercheurs de quatre universités dirigé par Louis Fortier, professeur au Département de biologie et leader scientifique d'Amundsen Science, l'entité qui assure la gestion du mandat scientifique du navire. Les fonds additionnels ont été accordés à la suite d'une évaluation de mi-parcours du projet et d'un investissement supplémentaire de la FCI dans 15 installations de recherche d'envergure nationale.
Les fonds permettront de prolonger d'un an le présent cycle de financement, de réduire les coûts facturés aux chercheurs universitaires qui utilisent le navire, de renouveler l'équipement scientifique et de créer de nouveaux postes de techniciens chargés du bon fonctionnement de ces appareils. De plus, une partie de la subvention pourrait servir à la mise en service d'un deuxième brise-glace de recherche, si la demande de temps-navire pour l'Amundsen dépasse sa capacité d'accueil.
Bientôt 20 ans
Grâce à cette subvention, l'odyssée du NGCC Amundsen franchira bientôt le cap des 20 ans. En effet, ce projet est né en 2002 alors que Louis Fortier est parvenu à mobiliser un important groupe de chercheurs canadiens qui souhaitaient avoir accès à un navire de recherche capable de sillonner les eaux arctiques afin d'y étudier les manifestations des changements climatiques.
Un consortium formé de chercheurs de 12 universités et de 5 agences gouvernementales avait alors proposé de convertir un navire qui avait été désaffecté en 2000, le Sir John Franklin, en navire de recherche. En 2002, un financement de 30,7M$ – 27,7M$ de la FCI et 3M$ de Pêches et Océans Canada – avait été consenti au consortium pour la mise à niveau et à la conversion de ce bâtiment. En 2003, au moment de sa première mission en Arctique, le navire a été renommé d'après l'explorateur polaire norvégien Roald Amundsen.
Depuis, le brise-glace de recherche a séjourné plus de 1500 jours en mer et il a parcouru environ 223 000 milles marins, ce qui représente plus de 10 fois la circonférence de la Terre, signale Alexandre Forest, directeur général d'Amundsen Science. «Le navire a accueilli à son bord plus de 115 équipes canadiennes et étrangères totalisant plus de 1500 chercheurs, techniciens, étudiants et professionnels d'une vingtaine de pays. Les projets réalisés grâce à l'Amundsen totalisent jusqu'à maintenant des investissements de près de 500M$ en recherche», précise-t-il.
Un plan pour 2021
Au cours des deux prochaines années, l'Amundsen fera l'objet de travaux qui toucheront notamment la propulsion, la direction et les grues du navire, précise Alexandre Forest. Ces travaux commenceront en novembre 2021, mais on ignore quand ils se termineront. «Nous sommes assurés d'avoir au moins 60 jours de temps-navire en 2021. Il se pourrait même que nous puissions avoir une saison presque complète de 100 à 120 jours.»
— Alexandre Forest
Néanmoins, les responsables d'Amundsen Science ont prévu une solution advenant le cas où les travaux seraient plus longs que prévus ou que la demande de temps-navire excéderait la capacité d'accueil. «La subvention de la FCI inclut un montant qui pourrait servir de levier pour appareiller un brise-glace sœur de l'Amundsen», précise Alexandre Forest.
Rappelons que l'Amundsen consacre environ 40% de son temps à la recherche. Le reste de l'année est dévolu aux activités habituelles d'un brise-glace. Plusieurs pays, notamment la Norvège, l'Allemagne, le Royaume-Uni, la Chine et les États-Unis disposent de brise-glaces consacrés entièrement à la recherche.
«Le Canada a entrepris de renouveler sa flotte de brise-glaces. Nous n'abandonnons pas le rêve que l'un d'eux soit dédié à la recherche, même si cela représente un investissement qui dépasse 200M$. Nous travaillons avec des partenaires et nous tentons d'arriver à une solution créative qui profiterait à tous», souligne Alexandre Forest.