
Covid fan tutte est un opéra comique créé par l’Opéra national de Finlande. L'oeuvre décrit la vie au printemps dernier lorsqu'elle a été perturbée par la pandémie. Le livret de Minna Lindgren a été écrit sur la musique de Mozart.
On le sait, la crise de la COVID-19 fait mal à l’industrie de la musique. Des festivals ont été annulés, des concerts ont été reportés aux calendes grecques, des musiciens ont décidé de changer de carrière. Et si on s’attardait plutôt aux effets positifs de la pandémie?
C’est la proposition du musicologue Louis Brouillette. «On parle beaucoup des effets négatifs de la COVID-19, mais il est important de voir aussi les bouleversements positifs. Au fil des différentes pandémies à travers l’histoire, le milieu musical s’en est toujours sorti», rappelle-t-il.
Cet hiver, le chercheur donnera le cours Musique et pandémies à l’Université du 3e âge. Ce cours, offert en ligne, porte sur la musique créée en période de crise sanitaire. Outre la COVID-19, il sera question entre autres de la peste noire, de la lèpre, de la variole, de la tuberculose, du choléra, de la syphilis et du VIH. Une partie du cours sera aussi consacrée aux répercussions de la maladie sur la carrière de certains musiciens qui ont marqué leur époque, de Chopin à Freddy Mercury.
Pour monter ce nouveau cours, Louis Brouillette a fait le tour des banques de données, des articles scientifiques et des archives liés à la musique. Il a constaté que de nombreux opéras ont été écrits sur le thème de la pandémie. Le plus célèbre est sans doute La Bohème, de Giacomo Puccini (1858-1924), dont le personnage central est atteint de tuberculose. Parmi les autres œuvres marquantes, il cite Choral Music, une cantate de Fanny Mendelssohn (1805-1847) qui porte sur le choléra.
Plusieurs musiciens de la Renaissance ont aussi composé des œuvres en hommage à saint Sébastien, le protecteur contre la peste noire. Au Brésil, la variole a donné lieu à un rituel où se mêlent cantiques et offrandes à une divinité de la santé. S’ajoutent à cela plusieurs chansons sur le sida écrites par des vedettes américaines pour amasser des fonds pour la cause. Bref, les exemples sont aussi nombreux que diversifiés.
Par rapport à la COVID-19, peu de recherches ont été menées jusqu’ici sur les effets sur la musique, mais Louis Brouillette a écouté énormément de pièces pour tenter de dégager des tendances. «Je me suis rendu compte qu’il y a beaucoup de parodies. Des groupes reprennent des airs de chansons connues et changent les paroles. En août dernier, l’Opéra national de Finlande a même présenté un spectacle basé sur l’opéra Cosi fan tutte de Mozart. L’œuvre, rebaptisée Covid fan tutte, s’inspirait de l’actualité. Avec humour, il y était question de confinement, de port du masque, de lavage des mains, de fausses nouvelles.»
Ce n’est pas d’hier que l’on a recours au pouvoir de la musique pour apporter un peu de positif dans une situation dramatique. «Déjà au Moyen-Âge et à la Renaissance, des médecins prescrivaient des remèdes musicaux contre la peste. Aujourd’hui, la musicothérapie est beaucoup utilisée en Afrique du Sud pour le bien-être des personnes atteintes de VIH et de tuberculose, mais aussi pour contrer la stigmatisation à leur égard. Des programmes permettent, par exemple, à des femmes malades qui ne peuvent s’occuper de leurs enfants de retrouver un certain rôle dans la société avec la musique.»
Alors que l’actualité n’en a que pour la COVID-19, l’enseignant espère sensibiliser ses étudiants au fait qu’il existe d’autres pandémies dans le monde. «Plusieurs pandémies sont en cours, même si elles nous touchent moins au Québec. Entre autres, la tuberculose a causé 1,4 million de décès en 2019. Par rapport au VIH, 38 millions de personnes en sont atteintes. Un de mes objectifs est de conscientiser les gens à ces problèmes qui sévissent partout dans le monde.»
Le cours Musique et pandémies sera offert en direct sur la plateforme Zoom du 26 janvier au 16 mars.