
Trois duos de scientifiques et de citoyennes misent sur la science participative pour répondre à une question de recherche.
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Le programme ENGAGEMENT des Fonds de recherche du Québec finance trois projets de recherche menés à l'Université Laval. Cette approche inclusive et collaborative réunit des personnes professeures et des citoyennes engagées autour d'une question de recherche qui leur tient à cœur.
Encore à l'étape de démarrage, ces initiatives mettent en valeur l'expertise citoyenne pour enrichir la démarche scientifique.
Musique: concilier excellence et bien-être
Josiane Bissonnette, professeure à la Faculté de musique, collabore avec la citoyenne Lysianne Tremblay pour orienter les musiciennes et musiciens vers un épanouissement professionnel en équilibre avec leur bien-être personnel.
Le duo s'intéresse aux revers souvent méconnus de la carrière musicale. Derrière l'image exaltante du métier se cache un investissement de temps et d'efforts considérable pour maintenir des compétences physiques, musicales et cognitives de haut niveau. Cette quête d'excellence peut engendrer des répercussions physiques et psychologiques importantes.
«Ce projet de recherche est très stimulant! Il représente pour moi une occasion précieuse de donner du sens à mes questionnements de longue date et d'enrichir ma réflexion artistique et pédagogique», témoigne Lysianne Tremblay, musicienne et chargée de cours à la leçon à la Faculté de musique. Elle souhaite intégrer les découvertes à sa propre pratique et les transmettre à ses étudiantes et étudiants pour les soutenir dans un milieu musical de plus en plus exigeant.
Après une revue de la littérature scientifique, les deux collaboratrices analyseront des modèles de musiciennes et musiciens ayant réussi à concilier excellence et bien-être, en réalisant des entrevues pour dégager des stratégies d'adaptation.
Les retombées de cette recherche dépasseront le cadre musical. «Dans un contexte où le maintien d'un équilibre de vie représente un défi majeur, cette démarche a le potentiel de générer des retombées concrètes pour un large éventail de professionnels issus de divers horizons», souligne la professeure Bissonnette.
Multimorbidité: mieux comprendre pour mieux diagnostiquer
Le deuxième projet s'intéresse à la multimorbidité, soit lorsqu'une personne présente plusieurs problèmes de santé. Ce phénomène complexifie notamment l'évaluation et le diagnostic, et les erreurs qui en découlent peuvent entraîner des conséquences importantes sur les traitements et la qualité de vie des personnes patientes.
Pour mieux comprendre ces enjeux, Matthew Menear, professeur à la Faculté de médecine, et la citoyenne Claudie Borduas, patiente et proche aidante, vont mener une étude qualitative auprès du personnel soignant en première ligne et en milieux spécialisés, ainsi qu'auprès de personnes vivant avec une multimorbidité. Leur objectif est de brosser un portrait d'expériences concrètes et d'identifier des pistes pour améliorer les pratiques cliniques et les formations.
«Ce projet est important non seulement parce qu'il comble une lacune dans les connaissances scientifiques et cliniques, mais aussi parce qu'il s'appuie sur l'expérience d'une citoyenne qui codirige la recherche, dans l'espoir de démocratiser le processus de création et de mobilisation des connaissances», souligne Matthew Menear.
«Ce projet, soutient Claudie Borduas, représente une piste de solution pour aider les professionnels de la santé, particulièrement dans le contexte où ils doivent prendre en charge davantage de patients vieillissants, ayant souvent plus d'un problème de santé. Je souhaite comprendre les facteurs qui nuisent aux bons diagnostics et aux bons traitements en contexte de multimorbidité.»
Art et éducation: sensibiliser la relève enseignante
Dans le troisième projet, la citoyenne et artiste peintre collagiste Adèle Blais s'associe avec Audrey Bélanger, professeure à la Faculté des sciences de l'éducation, pour documenter les effets d'une rencontre artistique sur l'ouverture au monde, la sensibilité à la diversité et la conscience du rôle des arts dans la pratique enseignante.
À partir d'une collecte de données, le duo coconstruit un dispositif pédagogique destiné à la formation initiale en enseignement. Ce projet vise à former de futures personnes enseignantes dans un rôle de passeuses et passeurs culturels, facilitant la transmission et la compréhension de la culture auprès des jeunes.
«Ce projet ENGAGEMENT avec Adèle Blais est, pour moi, une manière d'oser et d'innover en recherche et en formation à l'enseignement. Les œuvres d'art peuvent nous rapprocher de la vie et ouvrir un espace de dialogue entre histoire ressentie et histoire réfléchie pour les convertir en histoire humaine», soutient Audrey Bélanger.
Pour Adèle Blais, cette démarche est aussi personnelle que professionnelle. «Ayant eu un parcours scolaire difficile, je suis profondément enthousiasmée par ce projet. Toutes les deux, dans cette ère inquiétante pour notre démocratie, nous croyons que les arts ont la capacité d'unir et de réunir.»
Les résultats de ce projet seront diffusés auprès d'un large public, avec l'espoir d'inspirer d'autres initiatives et de contribuer à une éducation plus sensible à la culture et à la diversité.