
Stéphanie Boudreau, directrice de l'Association des producteurs de tourbe horticole du Québec et directrice scientifique de l'Association de la tourbe de sphaigne canadienne, avec Line Rochefort, directrice du Groupe de recherche en écologie des tourbières, dans la partie restaurée de la tourbière de Bois-des-Bel, située entre Cacouna et L'Isle-Verte.
— Iris Duvivier
En 1972, une partie de la tourbière de Bois-des-Bel, située entre Cacouna et L'Isle-Verte, était drainée pour permettre le prélèvement commercial de la tourbe. Huit ans plus tard, les opérations cessaient et la superficie de 11 hectares qui avait fait l'objet d'une exploitation était laissée à l'abandon.
Deux décennies plus tard, c'est vers ce site que la professeure Line Rochefort, du Département de phytologie de l'Université Laval, et son équipe du Groupe de recherche en écologie des tourbières (GRET) se sont tournées pour mettre à l'épreuve, à grande échelle, la technique de restauration de tourbière patiemment peaufinée dans leur laboratoire depuis une décennie. L'élément central de l'approche mise au point au GRET est la culture et la propagation des sphaignes, les plantes qui constituent la pierre d'assise d'une tourbière fonctionnelle.
Après une décennie de restauration, non seulement le tapis de sphaignes était-il de retour sur la zone exploitée de la tourbière de Bois-des-Bel, mais la diversité et la richesse végétales de ce milieu étaient redevenues comparables à celles des tourbières naturelles de la région. Depuis, les techniques de restauration innovantes élaborées au GRET ont fait école et elles sont utilisées ailleurs dans le monde pour restaurer des tourbières dégradées.
Le 3 juin, le GRET a célébré les 25 ans du projet de restauration de la tourbière de Bois-des-Bel en invitant à Cacouna les partenaires de cette aventure: de nombreux scientifiques de plusieurs universités canadiennes qui ont réalisé, avec leur équipe, des travaux de recherche à la station Bois-des-Bel, et des personnes représentant l'industrie canadienne de la tourbe horticole.
«La station de Bois-des-Bel est devenue la première tourbière restaurée au Canada à l'échelle de l'écosystème dans sa globalité, a rappelé Line Rochefort. C'était aussi le premier projet cocréé et réalisé avec des partenaires de plusieurs entreprises lors d'ateliers de travail académie-industrie. Ce modèle de partenariat secteur privé-scientifique est maintenant cité en exemple à l'international pour faire avancer l'agenda de la restauration des écosystèmes dégradés et la réhabilitation de la biodiversité.»