28 janvier 2025
Analyser la hauteur sous le pont Laviolette pour laisser passer de plus gros navires
Un partenariat avec l'Université Laval a permis d'étudier le dégagement vertical du pont de Trois-Rivières, principal obstacle aérien dans le transport maritime vers Montréal
Une équipe de la Faculté de foresterie, de géographie et de géomatique a collaboré avec l'Administration portuaire de Montréal et le ministère des Transports et de la Mobilité durable pour analyser le dégagement vertical du pont Laviolette, à Trois-Rivières. «Dans la voie maritime de Québec jusqu'à Montréal, c'est le pont le plus bas. C'est donc lui qui dicte la hauteur maximale des bateaux», souligne le professeur Marc Cocard qui a dirigé l'étude, publiée dans la revue Journal of Surveying Engineering.
La taille des navires augmente avec les années et les obstacles aériens, comme le pont Laviolette, posent un enjeu pour le transport maritime de marchandises. Une meilleure connaissance du dégagement vertical pourrait permettre d'optimiser la taille des navires pouvant circuler sur le fleuve et ainsi accoster aux installations du port de Montréal.
Les trois partenaires ont choisi six capteurs à installer sur le pont pour recueillir des données pendant près d'un an. Le personnel du Ministère s'est notamment chargé de leur installation. «Ce n'est pas évident, il y avait des capteurs au niveau de la chaussée, mais aussi dans le haut du pont. Ça prend des équipes spécialisées», précise le professeur Cocard.
Quatre systèmes de positionnement par satellite (GNSS) ont été installés. Semblables au GPS qu'on retrouve dans les voitures, ces GNSS sont plus fiables et plus précis, avec une résolution de quelques centimètres. Deux distancemètres mesuraient respectivement la distance entre le haut du pont et la chaussée, et la distance entre le dessous du pont et le fleuve. Deux distancemètres mesuraient la distance entre la chaussée et le fleuve, et une station météorologique permettait de suivre les conditions auxquelles la structure était soumise. Ces instruments ont permis de surveiller les mouvements du pont, notamment en fonction du vent, de la température et de la circulation automobile.
Pour les données relatives au fleuve, l'équipe a utilisé les données du Service hydrographique du Canada qui utilise deux marégraphes pour mesurer les niveaux d'eau aux centimètres près. Ces instruments sont installés à quelques kilomètres en amont et en aval du pont Laviolette.
L'équipe a montré que la structure ne bougeait pas beaucoup, de 3 à 6 cm seulement. Le niveau de l'eau était le facteur principal influençant le dégagement. La marée engendre des fluctuations quotidiennes atteignant 30 cm, tandis que les variations saisonnières peuvent faire bouger le niveau de l'eau jusqu'à 3 m de hauteur.
Avec ces données, l'équipe a proposé un modèle informatique pour calculer le dégagement vertical. Il tient pour acquis que le pont est stable et que seule l'eau bouge, mais prend aussi en compte la dilatation thermique de la structure. Le professeur Cocard souligne toutefois que des changements ont été apportés à la chaussée du pont, notamment l'ajout de glissières de sécurité en béton alourdissant la structure de 345 tonnes.
Le modèle mis au point par l'équipe pourrait aussi servir pour connaître le dégagement d'autres ponts, mais le chercheur prévient que la construction, le matériel et l'usage peuvent faire une différence. Pour le pont de Québec, par exemple, le poids du train aurait un effet sur la hauteur.
Cette recherche a été réalisé dans le cadre d'un projet de maîtrise. C'est d'ailleurs le mémoire de l'étudiant Maxime Corbin qui a servi de rapport.
L'étude a été publiée dans la revue Journal of Surveying Engineering. Les signataires sont Maxime Corbin, Marc Cocard, Christian Larouche et Stéphanie Bourgon.