
Les difficultés respiratoires, la fatigue à l'effort et le malaise post-exercice sont des symptômes fréquemment rapportés chez les personnes atteintes de COVID longue.
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Le personnel de la santé devrait être prudent lorsqu'il évalue les capacités respiratoires des personnes atteintes de COVID longue. En effet, il faudrait non seulement qu'il recourt aux tests au repos habituellement utilisés en clinique pour mesurer ces fonctions, mais aussi soumettre ces personnes à des tests à l'effort, plus sensibles aux changements que pourrait entraîner cette maladie. Voilà la conclusion d'une étude publiée dans la revue Plos One par une équipe de recherche qui s'est penchée sur la question.
«Entre 10% et 20% des personnes qui ont eu la COVID-19 éprouvent, à divers degrés, des symptômes post-infection. Lorsque ceux-ci durent plus de trois mois, on estime qu'elles sont atteintes du syndrome de la COVID longue», rappelle Imane Salmam, doctorante à l'École des sciences de la réadaptation de l'Université Laval, membre de l'équipe de Jean-Sébastien Roy du Centre interdisciplinaire de recherche en réadaptation et intégration sociale (CIRRIS) et première auteure de l'étude.
Même si des difficultés respiratoires, la fatigue à l'effort et le malaise post-exercice font partie des symptômes fréquemment rapportés par les gens souffrant de COVID longue, il n'y avait pas encore eu de synthèse des connaissances à ce sujet, souligne la doctorante. «Nous avons donc réalisé une revue de littérature sur la question et nous avons retenu 22 études portant sur 3041 adultes atteints de COVID longue.»
L'analyse de ces publications a révélé deux constats qui, à première vue, semblent paradoxaux. Le premier: les fonctions respiratoires mesurées par des tests au repos comme la quantité maximale d'air expulsée après une inspiration normale, le volume expiratoire total ou la saturation en oxygène au repos ne semblent pas affectées chez les personnes souffrant de COVID longue. Le second: des tests dynamiques, par exemple la distance parcourue en six minutes de marche ou un test de consommation maximale d'oxygène pendant un effort physique, indiquent une diminution substantielle des capacités par rapport aux valeurs moyennes de sujets en santé appartenant au même groupe d'âge.
«En résumé, les capacités respiratoires au repos sont maintenues, mais les capacités cardiorespiratoires sont diminuées, constate Imane Salmam. Ces observations suggèrent qu'il y a un problème dans le processus des échanges gazeux, notamment une réduction de la capacité des poumons à transférer l'oxygène vers le sang et à éliminer le monoxyde de carbone. Ce dysfonctionnement entre les alvéoles pulmonaires et la circulation sanguine est caractéristique chez les personnes atteintes de COVID longue.»
Cette baisse des capacités cardiorespiratoires chez les personnes souffrant de COVID longue n'est pas une fatalité, poursuit Imane Salmam. «Des études ont montré que ces capacités pouvaient être améliorées à l'aide d'un programme adapté. Le défi consiste à trouver le bon équilibre entre la stimulation et la récupération afin d'éviter une fatigue excessive après l'effort. Il est essentiel d'adopter une approche graduelle afin que les personnes atteintes de COVID longue augmentent leur capacité cardiorespiratoire et retrouvent l'autonomie nécessaire à la réalisation des tâches quotidiennes. Si elles ne bougent pas, leur situation risque de se détériorer et leur qualité de vie va en souffrir.»
Les autres signataires de l'étude parue dans Plos One sont Marc-Olivier Dubé, Krista Best et Jean-Sébastien Roy, de l'Université Laval, Imane Zahouani et François Desmeules, de l'Université de Montréal, et Alexis Ramos, de l'Université d'Orléans, en France.