
La rectrice Sophie D'Amours s'exprimant lors du panel organisé par le Conseil des relations internationales de Montréal (CORIM), le 28 mai
— Mathilde Gardonio, CORIM
Depuis l'élection du gouvernement Trump, la science et la liberté académique sont mises à mal aux États-Unis. Pour éviter qu'une telle situation ne se produise au Canada, les universités doivent saisir l'occasion d'«engager le dialogue» avec la population, croit la rectrice Sophie D'Amours.
«Je pense que la liberté académique, c'est un privilège que l'on doit chérir», a-t-elle exprimé lors d'un panel organisé par le Conseil des relations internationales de Montréal (CORIM), le 28 mai.
La rectrice était invitée à discuter de liberté académique avec le recteur de l'Université de Montréal Daniel Jutras et le recteur de l'Université du Québec à Montréal Stéphane Pallage. L'événement a fait salle comble à l'hôtel Westin, rassemblant 400 convives. Ils ont notamment réfléchi aux causes sociales et politiques des attaques contre la liberté académique qui se déroulent au sud de la frontière.
Pour éviter que les gens perçoivent les universitaires «comme une élite arrogante qui fait la leçon», Sophie D'Amours souligne que les scientifiques doivent plus que jamais insister sur la rigueur de leurs travaux. Les statistiques démontrent que les Québécois font confiance aux scientifiques dans une plus grande proportion que dans le reste du Canada. «Cette confiance, il faut l'honorer», ajoute-t-elle.
Stéphane Pallage a également fait valoir qu'il faut à tout prix protéger la liberté académique et l'autonomie des universités. Il a précisé qu'elles sont «le dernier rempart de la démocratie» et que la situation actuelle rappelle ce qui s'est produit dans les années 1930, alors que les scientifiques ont commencé à quitter l'Allemagne.
Daniel Jutras a renchéri en expliquant que la plupart des universités québécoises cherchent désormais à recruter des scientifiques qui craignent pour leur liberté aux États-Unis. Et pour ce faire, le milieu universitaire aura besoin de moyens financiers. «On a besoin d'un effort au fédéral et au provincial.»
À cet égard, la rectrice Sophie D'Amours évoque le modèle du gouvernement de la Belgique, qui a octroyé une enveloppe flexible aux universités pour que chacune d'elles fasse ses choix selon son contexte. Selon elle, «peu importe le modèle» retenu par les gouvernements, les universités ont besoin d'une aide «rapide» afin de saisir les occasions de recrutement de scientifiques qui se présentent. «On n'a pas le privilège du temps.»
Dans son allocution d'ouverture du panel, Alexandre Cloutier, président de l'Université du Québec, a rappelé à quel point le milieu universitaire est «attaqué» en ce moment, aux États-Unis, et subit les contrecoups de «dérives autoritaires». «Heureusement, il y a des gens courageux» qui tiennent tête au président Trump, comme le président de l'Université Harvard, a-t-il soutenu.
Selon lui, la situation actuelle nous rappelle que «la démocratie est fragile» et que la liberté universitaire participe à cette démocratie.