
Camille Martini, photographié à l'occasion d'une présentation en décembre 2023 à la COP28 de Dubaï sur les changements climatiques, et Janie Lépine, lors d'une présentation dans le cadre de la 12e Journée de la recherche de la Faculté des sciences de l'éducation en mars 2024.
— Isabelle Zhu-Maguire, Faculté des sciences de l'éducation
Le congrès de l'Acfas est de retour pour une 92e année. Qualifié de plus grand événement scientifique interdisciplinaire de la francophonie, ce congrès se tient cette année du 5 au 9 mai à l'École de technologie supérieure de Montréal. Le mardi 6 mai a eu lieu la remise des prix Acfas Relève, qui visent à mettre en valeur la pluralité des parcours en recherche de 5 membres de la relève étudiante au Québec et au Canada, dans tous les champs disciplinaires. Deux des personnes lauréates étudient à l'Université Laval.
Les procès pour le climat
Le chargé de cours Camille Martini poursuit des études de doctorat en droit à l'Université Laval en cotutelle avec Aix-Marseille Université. Ses recherches se situent à l'intersection du droit et des enjeux climatiques. «Je vise à documenter les procès pour le climat, explique-t-il, en essayant de comprendre le rôle que les instances judiciaires doivent avoir en tant qu'acteurs de la gouvernance pour le climat. Ce n'est pas évident. Souvent, les politiques climatiques échappent à la compétence des juges.»
Le 7 mai, dans le cadre d'un colloque, le doctorant fera une présentation qui aura pour titre «Le développement des contentieux climatiques contre les entreprises: cartographie du phénomène».
Selon lui, un nombre croissant de personnes ou d'organisations tentent d'utiliser l'arène judiciaire afin de pousser les décideurs publics et privés à en faire davantage à l'égard de l'environnement, protéger leurs libertés fondamentales ou s'opposer à des projets néfastes pour le climat.
— Camille Martini
Tôt au cours de ses études de droit en France, Camille Martini a décidé de mettre ses compétences juridiques au service de la justice sociale et environnementale. Il s'est engagé notamment avec des organismes œuvrant pour la protection de l'environnement et le développement durable. En 2023, il a fondé Lex Climatica, le premier concours international de plaidoirie sur le droit des changements climatiques.
«Durant mes études en France, raconte le doctorant, j'ai fait une année d'études à l'Université de Navarre à Pampelune, dans une région autonome d'Espagne. De cette découverte d'une autre culture est venue ma spécialisation en droit international. Il fallait que je fasse du droit international. Je ne pouvais pas me limiter au territoire français. Ce qui se faisait ailleurs était bien trop intéressant!»
De 2018 à 2022, Camille Martini a exercé sa profession en tant qu'avocat en droit international. Selon lui, il ne serait jamais arrivé à étudier les procès pour le climat s'il n'y avait pas eu ces 5 ans de pratique privée qui lui ont fait vraiment prendre le goût d'étudier les litiges. «J'ai ressenti un besoin de prendre part à la conversation scientifique, explique-t-il, d'avoir une analyse macro plutôt que prendre la défense d'intérêts particuliers.»
Mieux comprendre l'expérience d'insertion professionnelle
En psychoéducation, la professionnelle ou le professionnel accompagnent des personnes en difficulté d'adaptation, depuis l'enfance jusqu'au grand âge, et ce, dans différents contextes. L'un de ces contextes est la psychoéducation en milieu scolaire.
Janie Lépine connaît bien cette réalité. Aujourd'hui au doctorat en psychoéducation, cette étudiante avait intégré le marché du travail après ses études de maîtrise. «J'adore la psychoéducation en milieu scolaire, affirme-t-elle. Je trouve ce milieu super riche.»
Sur le terrain, la jeune professionnelle a vécu les aspects positifs que comporte l'expérience de la psychoéducation, mais aussi les défis que cela amène. «Dans les écrits, explique-t-elle, on voit qu'il y a plusieurs défis associés à l'insertion professionnelle d'un psychoéducateur. C'est un processus exigeant sur les plans personnel et psychologique. Mais aussi un “choc de la réalité”, un décalage entre ce à quoi on s'attend de la profession et ce qu'elle est. Plusieurs personnes novices vont vivre ça, ce qui va entraîner toutes sortes de défis au quotidien.»
Parmi les défis possibles, elle mentionne l'ampleur des mandats qui sont confiés à la psychoéducatrice ou au psychoéducateur novice, en ce qui concerne la charge de travail en milieu scolaire. «Ces mandats peuvent être très grands, dit-elle. Les besoins des élèves aussi.»
Dans leur pratique en milieu scolaire, la psychoéducatrice ou le psychoéducateur peuvent effectuer des suivis individuels. Ces personnes peuvent jouer un rôle de conseil en appui, entre autres, aux enseignants pour les outiller à mieux intervenir auprès des élèves. Animer des groupes ou faire de l'évaluation psychoéducative sont d'autres possibilités. «Des disparités entre les écoles ajoutent un niveau de complexité», précise-t-elle.
Dans le cadre de son projet doctoral, Janie Lépine se concentre sur les écoles primaires et secondaires. Elle cherche à mieux comprendre l'expérience d'insertion professionnelle des psychoéducatrices et psychoéducateurs novices. Elle étudie leurs besoins et les mesures mises en place par les centres de services scolaires pour favoriser leur insertion.
«Les centres de services scolaires, explique-t-elle, ont mis en place des mesures de soutien à l'insertion des employés professionnels en général pour faciliter l'expérience et la transition entre le monde universitaire et le marché du travail. Ils ont des programmes comme du tutorat, des formations, des rencontres d'information. Or, on constate actuellement que l'ensemble des mesures et des recommandations émises touchent majoritairement le personnel enseignant et non le personnel professionnel.»
Selon la doctorante, les résultats de sa recherche contribueront à améliorer l'accompagnement des psychoéducatrices et psychoéducateurs novices en milieu scolaire, à favoriser leur rétention et leur bien-être professionnel. Ils amèneront aussi les universités à adapter la formation offerte dans cette discipline.
Le 6 mai, un troisième étudiant de l'Université Laval, Louis-Vincent Grand'Maison, a été nommé parmi les personnes lauréates du Concours de vulgarisation de la recherche de l'Acfas. Dans sa présentation, cet étudiant à la maîtrise en sciences géomatiques a proposé une alliance entre écologie et intelligence artificielle, l'outil de base étant un drone équipé d'une caméra hyperspectrale. Cette technologie permet d'identifier l'espèce de chaque arbre, mais aussi de voir s'il manque d'eau ou de nutriments, ou s'il est atteint d'une maladie.