24 février 2025
Un nouveau programme de maîtrise en agroécologie à compter de l'automne
Cette maîtrise professionnelle avec projet d'intervention de la Faculté des sciences de l'agriculture et de l'alimentation étudiera les relations entre l'agriculture, l'écologie et la société

Le programme de maîtrise en agroécologie s'adresse à quiconque s'intéresse aux enjeux qui lient agriculture, écologie et société. Cette formation est destinée aux personnes qui souhaitent contribuer à construire des systèmes alimentaires plus durables et plus justes pour l'ensemble de la société.
— Getty Images, Carlos Gaw
Une vision renouvelée, à la fois des pratiques agricoles, des agroécosystèmes et des systèmes alimentaires. C'est là l'objectif du nouveau programme de maîtrise en agroécologie offert à compter de la session d'automne 2025 à la Faculté des sciences de l'agriculture et de l'alimentation de l'Université Laval. Cette maîtrise professionnelle avec projet d'intervention de 45 crédits étalés sur deux ans sera unique au Québec. Pour rappel, l'agroécologie est une discipline scientifique qui étudie les relations à la fois entre l'agriculture, l'écologie et la société. Elle vise à assurer la durabilité des agroécosystèmes et à en augmenter la résilience. C'est aussi un mouvement social qui cherche à construire des systèmes agricoles et alimentaires durables. L'agroécologie couvre une variété de thèmes dont la sécurité alimentaire et nutritionnelle, l'atténuation des changements climatiques et l'identité professionnelle des agricultrices et agriculteurs.
Alain Olivier est professeur au Département de phytologie et directeur du nouveau programme de maîtrise en agroécologie. Il a consacré sa carrière à l'agroforesterie. Cette approche consiste, dans les systèmes agricoles, à intégrer des arbres à la production. «Plus j'avançais dans ma carrière, explique-t-il, plus je me suis rendu compte que l'agroforesterie pouvait vraiment s'inscrire dans une perspective agroécologique. Avec les années, j'ai voulu favoriser le développement de ce nouveau champ d'études qu'est l'agroécologie dans notre faculté.»
À la croisée des chemins
Selon le professeur Olivier, l'humanité est rendue à la croisée des chemins. «Au cours des dernières décennies, soutient-il, nous avons assisté à la dégradation des sols agricoles, qui sont la base de la production, et à la dégradation de la biodiversité, tout ça dans un contexte de changements climatiques qui créent une pression supplémentaire sur notre agriculture.»
Ce dernier insiste sur le mode de production agro-industriel. «On a développé des systèmes utilisant beaucoup d'énergie et de ressources et qui ont provoqué un impact important sur la biodiversité, poursuit-il. Le constat auquel arrivent des milliers de chercheurs et d'acteurs de l'agriculture dans le monde est qu'il faut changer les choses. On s'est rendu compte, au cours des dernières années, qu'il y a des initiatives en ce sens.»
L'une de ces initiatives est l'agriculture biologique. «Il y a 20 ans, illustre le professeur, on disait qu'il était impossible de voir des systèmes d'agriculture biologique qui fonctionnent, qui sont productifs, qui vont résister aux agents pathogènes et aux insectes. Or, on constate que de plus en plus de gens font de l'agriculture bio, qu'ils perfectionnent leurs techniques. On a de plus en plus d'évidences qu'on peut arriver à gérer autrement nos sols, notre biodiversité, par exemple pour avoir moins d'impacts négatifs sur eux.»
À côté de cela, il y a aussi des préoccupations sociales, comme la problématique de la relève agricole. Alain Olivier rappelle que le prix des terres a énormément augmenté ces dernières années. En conséquence, les jeunes agriculteurs ont de plus en plus de difficultés à s'établir. «Il y a aussi des enjeux en territoire rural, ajoute-t-il, tels que la qualité de l'eau et les problématiques de santé humaine en raison de l'utilisation des pesticides.»
Des projets d'intervention avec des partenaires du milieu
Une municipalité régionale de comté, un organisme de bassin versant, une ferme laitière et sa fromagerie, une entreprise horticole fruitière, un vignoble, un regroupement de producteurs maraîchers sur sols organiques: voilà autant d'exemples de partenaires pour des projets d'intervention dans le cadre de la maîtrise en agroécologie.
«Nous ne visons pas à former des conseillers, comme les agronomes, qui conseillent directement les producteurs agricoles, souligne le professeur Olivier. Ce qui n'empêchera pas nos étudiantes et étudiants de travailler sur des fermes spécifiques. Mais aussi avec des préoccupations sociales, comme les liens des producteurs avec les acheteurs de produits de la ferme ou bien la rémunération des agriculteurs.»
En quelques mots, le projet d'intervention aura une durée de 405 heures répartie sur 12 à 16 semaines durant l'été.
Selon lui, plusieurs partenaires du milieu soutiennent déjà le projet de maîtrise en agroécologie. Et bon nombre d'entre eux seraient ravis d'accueillir des projets d'intervention. L'Union des producteurs agricoles et ses nombreuses directions régionales est l'un de ces partenaires. Le Regroupement des organismes de bassins versants du Québec en est un autre.
À qui s'adresse le programme?

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Le programme de maîtrise en agroécologie s'adresse principalement aux personnes diplômées de 1er cycle dans les domaines de l'agriculture et des sciences naturelles. Ces étudiantes et étudiants possèdent des compétences dans ces domaines et désirent les accroître de façon à pouvoir accompagner la transition agroécologique.
«Nos enquêtes auprès des employeurs révèlent que ceux-ci recherchent des diplômés capables de bien connaître les pratiques agricoles et de comprendre le langage de leurs interlocuteurs sur le terrain, explique Alain Olivier. Beaucoup de répondants recherchent aussi des gens capables de gérer des projets. Ils veulent également des personnes capables d'animer des comités et des groupes. Les qualités recherchées dépassent le contenu écologique strict. Elles vont même du côté relationnel.»
La maîtrise peut-elle attirer en particulier les personnes idéalistes qui veulent changer le monde?
«Cela joue, il ne faut pas se le cacher, répond le professeur. Je le vois avec mon enseignement. Certains sont beaucoup sensibilisés aux questions environnementales, aux questions climatiques. On parle d'écoanxiété. Je trouve que l'agroécologie offre un moyen qui peut répondre à l'écoanxiété par une action réelle sur le terrain. Je pense que ça va particulièrement intéresser les gens qui ont ce désir de contribuer à améliorer l'état de la planète dans une perspective multifonctionnelle de l'agriculture.»
Le nouveau programme de maîtrise viendra enrichir une offre facultaire déjà très diversifiée, soit près d'une quarantaine de programmes d'études aux trois cycles d'enseignement. «Nous avons jugé que la Faculté avait, dans les programmes existants, ce qu'il fallait pour créer une maîtrise en agroécologie, indique-t-il. La Faculté possède une expertise assez grande dans tout ce qui concerne l'agriculture, l'alimentation, l'environnement, le développement durable.»