13 février 2025
Les environnements alimentaires canadiens doivent être rapidement améliorés
Les mauvaises habitudes alimentaires et le taux croissant de maladies cardiovasculaires, de diabète et d'obésité sont en partie attribuables à des environnements alimentaires malsains, constate un rapport national
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— Getty Images/Vector Power
L'adolescent canadien moyen est exposé à 8300 publicités alimentaires par année sur son téléphone mobile. Plus de 85% des épiceries mettent bien en vue, dans des zones de fort achalandage, des aliments néfastes pour la santé. Près des deux tiers des aliments préparés vendus au Canada contiennent des quantités élevées de sel, de sucre ou de gras saturés. Des boissons sucrées sont en vente dans 82% des écoles et dans 99% des hôpitaux du pays.
Voilà quelques chiffres tirés d'un rapport rendu public aujourd'hui qui démontrent à quel point l'environnement dans lequel nous évoluons conditionne nos choix alimentaires et nuit à l'adoption de comportements sains. Ce rapport, intitulé Un regard approfondi sur les environnements alimentaires au Canada, est signé par 18 scientifiques de 9 universités canadiennes, incluant trois professeures de l'École de nutrition de l'Université Laval, Lana Vanderlee, qui a agi comme coordonnatrice du rapport, Véronique Provencher et Marie-Ève Labonté.
À partir de dizaines d'études scientifiques réalisées au cours des dernières années, ce rapport étoffé de 110 pages brosse un portrait peu reluisant des environnements alimentaires au pays. Il braque aussi les projecteurs sur les politiques gouvernementales et les pratiques commerciales qui ont façonné ce cadre peu propice aux choix santé en matière d'alimentation. D'ailleurs, le gouvernement du Canada obtient une note de 14% pour ses réalisations et engagements dans ce domaine.
Pourtant, les connaissances scientifiques sur les bonnes stratégies à adopter pour améliorer les choses ne manquent pas. Et les consultations sur les modifications proposées en matière d'étiquetage et de publicité durent depuis des années.
— Lana Vanderlee
«Une attitude plus audacieuse de la part des gouvernements et une responsabilité accrue des entreprises sont essentielles pour freiner les maladies liées à l'alimentation et réduire les inégalités en santé», poursuit-elle.
Un jalon pour l'avenir
La piètre qualité des environnements alimentaires au pays est un problème sérieux auquel il est urgent de s'attaquer, estime la chercheuse. «Nous pouvons nous inspirer de ce qui a été fait dans d'autres pays. Par exemple, le Chili et le Mexique ont adopté un système d'avertissement sur les emballages des produits riches en sucre, en sodium ou en gras saturés [note de la rédaction: le Canada a adopté une loi en ce sens en 2022, mais elle ne prendra effet qu'au début de 2026]. Ils ont aussi imposé des taxes sur les aliments sucrés et malsains en plus d'adopter des restrictions sur le marketing alimentaire destiné aux enfants. Ces mesures ont un effet synergique sur la qualité des environnements alimentaires dans ces pays.»
Cette étude constitue une première à l'échelle du Canada et elle servira de point de référence pour évaluer dans quelle direction évolueront les choses. «Nous espérons être en mesure de refaire l'exercice tous les quatre ou cinq ans, souligne la professeure Vanderlee. Notre objectif est de fournir à la population et aux décideurs des données probantes dans un format facilement accessible afin de nourrir les discussions et d'éclairer les prises de décision.»