21 janvier 2025
La précarité financière chez les étudiantes et étudiants: dossier prioritaire de la CADEUL en 2025
Daphnée Sauvageau, présidente de l’association qui représente 35 000 membres inscrits au premier cycle, continue de réclamer une juste rémunération des stages
En ce début d'année, la Confédération des associations d'étudiants et étudiantes de l'Université Laval (CADEUL) poursuit ses principaux dossiers pour l'année 2024-2025 alors que la précarité financière figure toujours au sommet de ses priorités. ULaval nouvelles s'est entretenu avec sa présidente, Daphnée Sauvageau.
Quels sont les enjeux les plus importants pour la CADEUL au cours des prochains mois?
La précarité financière chez les étudiantes et étudiants est actuellement notre préoccupation première et, pour lutter contre cette précarité, nous avons ciblé trois enjeux majeurs: l'insécurité alimentaire, le logement abordable et la rémunération des stages étudiants.
En ce moment, une personne étudiante sur cinq s'approvisionnerait, chaque mois, aux banques alimentaires. Nous trouvons cette donnée un peu alarmante puisque ces banques sont une aide de dernier recours. La CADEUL travaille actuellement, dans le cadre du chantier transformateur Le bien-être de notre communauté, à un projet de frigos-partage. Nous souhaitons également attirer l'attention du gouvernement sur cette situation pour qu'il investisse dans des initiatives du même genre.
En outre, la pénurie de loyers abordables à Québec fait mal au portefeuille des étudiantes et étudiants. Nous pensons que l'Université peut jouer un rôle pour contrer la crise du logement. En construisant et en offrant davantage de logements abordables pour la clientèle étudiante, l'Université peut faire concurrence aux autres propriétaires et avoir un effet bénéfique sur le prix des loyers à Sainte-Foy.
Enfin, nous sommes d'avis qu'une juste rémunération des stages étudiants est une solution directe à la précarité étudiante. Tout est lié: le coût de l'alimentation et du logement augmente considérablement, mais les revenus des étudiantes et étudiants n'augmentent pas à la même vitesse. Si, en plus, l'étudiante ou l'étudiant doit investir 35 heures par semaine dans un stage non rémunéré, ce qui laisse peu de temps et d'énergie pour occuper un emploi rémunéré, ça devient de plus en plus difficile de joindre les deux bouts.
Bref, les enjeux ciblés par la CADEUL rejoignent grandement les revendications de la Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ) et de l'Union étudiante du Québec (UEQ), qui ont lancé en octobre 2024 la campagne «Renversons le poids de la précarité». Pour pallier le problème, ces deux regroupements proposent trois solutions: rémunérer les stagiaires, actualiser l'aide financière aux études et lutter contre l'insécurité alimentaire.
La question de la rémunération des stages étudiants a été au cœur des manifestations étudiantes de l'automne, mouvement auquel la CADEUL a participé. Quelles étaient alors vos revendications?
Nous demandions au gouvernement de respecter la motion qu'il a votée [adoptée par l'Assemblée nationale en mars 2023] et de s'engager à offrir une juste rémunération de tous les stages étudiants effectués dans le secteur public.
Selon nous, régler ce problème est essentiel au bien-être étudiant. La non-rémunération des stagiaires place non seulement les étudiantes et étudiants dans une précarité financière, mais elle contribue également à leur vulnérabilité psychologique. Occuper un emploi pour subvenir à ses besoins en plus d'étudier et d'effectuer des stages peut conduire certaines personnes à l'épuisement. D'autres sont contraintes de s'endetter, ce qui peut engendrer beaucoup de stress.
La rémunération des stages étudiants pourrait également profiter à la société. Une communauté étudiante en meilleure santé physique et psychologique désengorgerait le système public de santé. Cette rémunération contribuerait également à encourager les inscriptions dans des programmes qui peuvent répondre à une pénurie de main-d'œuvre, notamment en enseignement, et à valoriser des professions à prédominance féminine.
Pour ce qui est de la direction de l'Université Laval, nous voulions qu'elle prenne clairement position sur la question et qu'elle nous appuie dans nos revendications auprès du gouvernement.
Une lettre signée par la vice-rectrice aux études et aux affaires étudiantes, Cathia Bergeron, a été présentée à notre assemblée du 15 novembre [lire l'entrevue accordée par la vice-rectrice à ULaval nouvelles sur le rôle, complémentaire à celui des associations étudiantes, que l'Université Laval entend jouer].
Nous croyons qu'il est important que la direction de l'Université adopte une position ferme sur la question et qu'elle soutienne ses étudiantes et étudiants. Elle possède un pouvoir politique et une posture privilégiée pour défendre nos intérêts.
Selon nous, si les rectrices et recteurs de toutes les universités du Québec prenaient position en faveur de la rémunération des stages étudiants, ça créerait une pression supplémentaire sur le gouvernement et ça ferait bouger les choses.
En terminant, quelles sont les prochaines étapes dans ce dossier?
Nous avons créé un comité de travail spécifique (CTS) sur la question des stages pour mieux comprendre les attentes de la communauté étudiante. Ce CTS a conclu que la mobilisation devait se poursuivre. En décembre, nous avons donc fait parvenir une lettre au Vice-rectorat aux études et aux affaires étudiantes pour indiquer notamment que nous avons reçu le mandat de la part des étudiantes et étudiants de continuer à revendiquer un appui clair. Nous demeurons ouverts à la discussion avec la direction de l'Université. Toutefois, la CADEUL est prête à exercer, au besoin, des moyens de pression, au cours de la session d'hiver, pour répondre à la volonté de ses membres.
En savoir plus sur les opinions de la CADEUL concernant la précarité étudiante