Comme c’est maintenant la coutume, la Confédération des associations d’étudiants et étudiantes de l’Université Laval, communément appelée la CADEUL, aura à gérer de nombreux dossiers aux sessions d’automne et d’hiver. Ces enjeux sont de première importance pour ses 35 000 membres, soit l’ensemble des étudiantes et étudiants inscrits au premier cycle et regroupés au sein de 89 associations réparties sur le campus.
Sans surprise, le premier dossier au sommet de l’agenda concerne la précarité étudiante et la place centrale qu’y occupe le logement. Tout d’abord, quelques statistiques parlantes. Selon l’Unité de travail pour l’implantation de logement étudiant, plus de la moitié (56%) des étudiantes et étudiants universitaires au Québec qui vivent dans un logement auraient un revenu annuel inférieur à 20 000$.
«À Québec, explique la présidente de la CADEUL, Daphnée Sauvageau, le loyer moyen des étudiantes et étudiants a augmenté de 20,3% en trois ans, soit presque 7% annuellement. On s’entend que le revenu d’un étudiant n’a pas augmenté à ce point durant la même période. Donc la situation contribue à plus d’endettement. Et c’est sûr que c’est préoccupant pour nous. Surtout qu’il est difficile de se trouver un logement. Dans un immeuble de logements étudiants situé en face de l’Université, 20 logements se libéraient en juillet. Ils ont reçu 500 demandes.»
Un enjeu féministe
La lutte pour une juste rémunération des stages étudiants ne date pas d’hier. Ce combat, la CADEUL le poursuivra cette année. Pour rappel, la vaste majorité (84%) des stages au niveau postsecondaire au Québec ne sont pas rémunérés. «On peut penser aux étudiantes et étudiants en sciences de l’éducation qui font un stage non rémunéré de 40 heures par semaine et qui, ensuite, doivent travailler pour payer le loyer et la nourriture, indique la présidente. Cela fait des semaines assez rock and roll! De plus, ces stages touchent majoritairement les femmes, dans des domaines comme les sciences de la santé et les sciences humaines, entre autres. Cet aspect nous importe beaucoup. Nous disons qu’il s’agit d’un enjeu féministe.»
Pour ce qui est des stages rémunérés, une étude publiée en 2023 par l’Institut de recherche et d’informations socioéconomiques révèle que «pour une personne étudiante qui réalise un stage de 28 heures par semaine pour une durée de 12 semaines, les sommes actuelles prévues par le Programme de bourses de soutien à la persévérance et à la réussite des stagiaires n’équivalent pas au salaire minimum en vigueur».
En 2023, des étudiantes et étudiants universitaires de l’ensemble du Québec ont manifesté devant l’Assemblée nationale à ce sujet. «C’était un beau mouvement, rappelle Daphnée Sauvageau. Toutes les associations au Québec étaient mobilisées pour la cause. On espère que cela va se poursuivre dans la prochaine année.»
La même année, la ministre de l’Enseignement supérieur a déclaré que les étudiantes et étudiants stagiaires méritaient une rémunération dans les plus brefs délais. Ont suivi deux motions unanimes de l’Assemblée nationale. «Malgré cela, on n’a pas d’échéancier par rapport à ça, poursuit Daphné Sauvageau. Rien n’a été annoncé au dernier budget de mars 2024. Nous avons l’intention de poursuivre cette lutte sur notre campus pour une rémunération de tous les stages. Nous prévoyons beaucoup d’actions à l’interne. Beaucoup d’associations sont prêtes à le faire, incluant les domaines où certains stages sont rémunérés. Ils soutiennent la cause. On voit un bel esprit de solidarité à ce niveau.»
Des intervenants de proximité
L’Observatoire sur la santé mentale étudiante en enseignement supérieur mènera une enquête publique nationale du 4 au 22 novembre prochain au Québec. La CADEUL, ainsi que plusieurs autres associations étudiantes québécoises, participera activement à la diffusion et à la mobilisation autour de cette enquête pour assurer un taux de réponse suffisant.
«Avec cette enquête, soutient-elle, on espère avoir un portrait actuel de nos étudiants en ce qui regarde la santé mentale. Il faudra voir après s’il y aura des sommes supplémentaires investies dans les moyens de lutte à cette problématique.»
La santé mentale occupera une place importante dans les travaux de la CADEUL cet automne. Dans ce dossier, et selon Daphnée Sauvageau, la communauté étudiante apprécie beaucoup les intervenantes et intervenants de proximité. Ces ressources ont été mises en place par le Centre d’aide aux étudiants de l’Université au sein des facultés et des résidences. L’offre consiste en un service de soutien et d’écoute confidentiel, gratuit et ponctuel en présentiel ou en virtuel. Ces services s’adressent aux personnes vivant du stress ou de l’anxiété, de l’isolement, une situation personnelle difficile (rupture amoureuse, conflit, deuil, habitudes de vie), des difficultés liées aux études (procrastination, motivation, anxiété de performance, échec, épuisement), des difficultés financières ou des difficultés d’adaptation.
«C’est vraiment le fun en ce moment parce que ces intervenants sont proches de la communauté étudiante», indique la présidente. Celle-ci souhaite voir ces services étendus à toutes les facultés ainsi que plus d’infrastructures pour permettre d’accueillir davantage d’étudiantes et étudiants en présentiel.