30 septembre 2024
Deux nouvelles formations autochtones offertes à l'Université Laval
Une formation en langue innue, destinée aux étudiantes et étudiants, et une autre sur les réalités autochtones pour les membres du personnel ont été annoncées lors de la Journée nationale de la vérité et de la réconciliation

La foule rassemblée a dansé au rythme du tambour et des chants du groupe Boysak.
— Université Laval, Yan Doublet
L'Université Laval et le Bureau des Premiers Peuples profitent de la Journée nationale de la vérité et de la réconciliation pour annoncer une nouvelle formation en langue innue, destinée aux étudiantes et étudiants, et une autre sur les réalités autochtones s'adressant aux membres du personnel.
À travers cinq modules thématiques comprenant 19 capsules vidéo et des tests de connaissances, le personnel de l'Université Laval est invité à plonger dans l'univers des réalités autochtones des 11 nations du territoire du Québec. Cette formation d'une durée totale de 10 heures est offerte en partenariat avec l'Institut Ashukan.
«Ashukan est un mot universel dans les langues algonquiennes qui réfère à l'idée de «pont» entre les rives, et la formation offerte au personnel sert justement à créer ce pont entre les Premiers Peuples et les allochtones pour que nous devenions tous des acteurs et actrices de la réconciliation avec les Premiers Peuples, a souligné la rectrice Sophie D'Amours. Nous devons comprendre certaines logiques qui prévalent lorsque nous travaillons avec les Premiers Peuples pour établir des partenariats durables. Nous continuons ainsi de poser des gestes pour la réconciliation, et d'autres suivront.»

Plus d'une centaine de personnes ont participé à une marche sur le campus animée par Yves Sioui du Bureau des Premiers Peuples de l'Université Laval.
— Université Laval, Yan Doublet

La rectrice Sophie D'Amours lors de Journée nationale de la vérité et de la réconciliation, en compagnie de Delvina Vachon, aînée innue de la communauté de Pessamit
— Université Laval, Yan Doublet
La formation aux membres du personnel permettra de développer et d'améliorer les connaissances au sujet des Premiers Peuples, de leurs savoirs, de leurs us et coutumes et de leurs réalités culturelles modernes. Cette initiative répond à une des actions importantes du plan En action avec les Premiers Peuples, qui était la mise en œuvre d'une formation d'introduction aux peuples et aux réalités autochtones. À leur rythme, les employées et employés auront accès à des notions et des concepts importants pour comprendre les Premiers Peuples et la façon de collaborer et d'avancer avec eux vers la réconciliation.
«Je suis profondément touchée de voir que l'Université Laval prend des mesures concrètes pour sensibiliser la communauté universitaire à la réalité des Premiers Peuples. Ce n'est pas juste un plan rempli de mots, mais une véritable volonté d'agir avec des actions visibles sur le campus», a mentionné la directrice du Bureau des Premiers Peuples de l'Université Laval, Nadine Rousselot.
Les thématiques des modules de formation au personnel sont:
• Présentation générale des peuples autochtones
• Perspectives autochtones sur l'histoire canadienne
• Devenir acteur de la réconciliation avec les Premiers Peuples
• Développer des partenariats durables avec les Premiers Peuples: les clés de la réussite
• Éducation territoires et mythologies
Une formation en langue innue dès cet automne

Louise Canapé sera la chargée de cours de cette formation à l’École de langue de la Faculté des lettres et des sciences humaines. L'enseignante ilnushakueu a raconté avoir fait la connaissance de la lecture et de l'écriture de sa langue innue en 1985 et être «tombée dedans comme Obélix». Avec plus de 40 ans d'expérience dans le domaine, elle explorera le vocabulaire de la famille, des mois de l'année, des chiffres, des parties du corps avec les étudiantes et les étudiants. Elle invitera des personnes-ressources à parler de leur histoire, de leur territoire, a-t-elle expliqué.
— Université Laval, Yan Doublet
En partenariat avec le Bureau des Premiers Peuples, l'École de langue de la Faculté des lettres et des sciences humaines offrira une nouvelle formation en langue innue dès la mi-octobre. La formation cible en priorité les étudiantes et les étudiants des Premiers Peuples. Dans le cadre de cette formation, les personnes expérimenteront la prononciation pour être capables d'introduire des mots dans une conversation à travers quelques thématiques. Ce type de projet est possible grâce au don de la Fondation Mastercard versé en 2022.
C'est Louise Canapé, une enseignante ilnushakueu qui compte plus de 40 ans d'expérience, qui sera la chargée de cours de cette formation en langue innue. La native de Pessamit a notamment enseigné à des personnes professionnelles de la santé, au primaire et dans certains cégeps, dont celui de Baie-Comeau.
«L'objectif de la formation en langue innue est d'intéresser les membres des Premiers Peuples à parler leur propre langue et les allochtones à pouvoir s'exprimer en langues autochtones, a résumé la vice-rectrice aux études et aux affaires étudiantes, Cathia Bergeron. C'est aussi un premier pas concret dans l'élaboration d'un microprogramme sur les langues autochtones.»

Le conférencier Xavier Watso a su captiver son auditoire le 30 septembre en parlant de son parcours avec humour et authenticité. Le créateur de contenu, comédien et animateur de la Première Nation abénaquise d’Odanak a grandi à Montréal et eu envie de découvrir qui il était dans la vingtaine, alors qu'il prenait un cours de langue abénaquise. D'abord enseignant au secondaire en art dramatique, il est ensuite devenu un phénomène sur TikTok et dans les médias. En cette Journée nationale de la vérité et de la réconciliation, il a invité les allochtones à surmonter leur peur, leur agacement et leur culpabilité pour devenir des acteurs de changement à leur façon. «Chaque petite action est importante», a martelé celui qui croit à l'effet papillon.
— Université Laval, Yan Doublet