La Soirée des prix Juno 2023 a eu lieu le 13 mars dernier au Rogers Place d’Edmonton, en Alberta. Cette 52e cérémonie de l’Académie canadienne des arts et des sciences de l’enregistrement a célébré ce qui se fait de mieux dans la musique canadienne actuelle, notamment en jazz. Cinq formations étaient en lice dans la catégorie Meilleur album jazz de l’année – groupe. Le prix est allé au Florian Hoefner Trio pour son disque Desert Bloom.
«J’adore ce trio et j’aime Desert Bloom», souligne le pianiste, compositeur et professeur de jazz à la Faculté de musique de l’Université Laval, Rafael Zaldivar. «Il y a quelque chose d’introspectif dans cet album, poursuit-il, ainsi qu’une complicité vraiment particulière entre les musiciens. On sent l’ancrage entre les instruments. On voit que les musiciens jouent ensemble depuis longtemps. Dans cette œuvre, il faut souligner la recherche au niveau des orchestrations ainsi que la qualité de la polyphonie dans les pièces.»
Le professeur a écouté de nombreuses fois Desert Bloom ainsi que les quatre autres disques en nomination. Pour le plaisir certes, mais d’abord et avant tout pour évaluer leurs qualités musicales et artistiques. C’est que Rafael Zaldivar faisait partie, cette année, du jury des prix Juno pour la catégorie Meilleur album jazz de l’année – groupe. Il y a quelques semaines, l’Académie lui faisait parvenir un certificat officiel soulignant sa contribution comme juge.
«Le travail de juge se faisait chacun chez soi et à distance, explique-t-il. Les juges ne communiquaient pas entre eux. Il y avait autour de cinq critères à considérer et les réponses devaient être entrées en ligne sur un formulaire électronique. L’un des critères importants portait sur le message des artistes dans leur œuvre, la contribution de l’œuvre à la société en termes de thématiques constructives enrichissantes.»
L’écoute des disques comportait sa part de difficulté. «J’ai eu du mal à choisir le gagnant! dit-il. J’aime tout, tout est bon. Je me considérais comme privilégié. Dans leur jeu, les musiciens avaient toujours quelque chose de personnel à dire tiré de leur expérience musicale passée, de leur façon de penser.»
Selon lui, les cinq œuvres représentaient ce qui se fait de mieux par des formations jazz au Canada en ce moment. «Cette sélection donne un portrait diversifié de la situation, soutient-il. La majorité des musiciens de jazz se concentrent à Montréal et Toronto. Le jazz canadien est en très bonne santé.»
Une haute distinction
Très peu de gens auraient le profil recherché pour remplir le rôle de juge aux prix Juno. «Ce genre de tâche honorifique, explique le professeur, n’est attribuée seulement qu’à certains individus qui remplissent certains critères de sélection en termes de reconnaissance internationale. Ceci est peut-être la plus haute distinction qu’un interprète-compositeur peut obtenir au Canada.»
Cette reconnaissance internationale, Rafael Zaldivar l’a obtenue, entre autres, avec les classes de maître qu’il a données à Boston et à New York en 2021 et 2022, d’abord au Berklee College of Music, ensuite à la Manhattan School of Music. En 2022, il a remporté le deuxième prix au concours international de piano jazz du Festival international de jazz de Jacksonville, en Floride. Durant sa carrière, Rafael Zaldivar a eu l’occasion de partager la scène avec d’excellents musiciens canadiens et américains comme Oliver Jones, Jane Bunnett, Greg Osby, Nate Smith, Ben Wendel, Nir Felder, Dan Weiss, Ari Hoenig, Francisco Mela et Terri Lyne Carrington.
En plus d’agir comme juge, le professeur Zaldivar était en nomination, en 2023, avec son disque Rumba, dans la catégorie Album jazz de l’année – solo. Il s’agissait de sa seconde nomination aux prix Juno. En 2013, son disque Drawing était finaliste dans la catégorie Album jazz contemporain de l’année.