Quand Tiana la chatte sphinx, Lilo le labrador et Wall-e le lapin font leur entrée dans la cafétéria du pavillon Charles-De Koninck, l'effet est instantané: regards amusés, sourires, attroupements. «Ôôô… trop mignons!» Ce bain de foule animalier est offert deux fois par mois par le Centre d'appui à la réussite de la Faculté des sciences sociales (FSS). La prochaine séance de zoothérapie est le 27 février sur l'heure du lunch.
«C'est vraiment recherché. Les étudiants avaient hâte. Ça devient un rendez-vous, ça comble plusieurs besoins», constate Claudine Pelletier, intervenante de proximité qui accompagne la zoothérapeute dans sa mission à la FSS. Une façon pour elle de rejoindre la communauté étudiante, de lui parler, de déceler les signaux non verbaux de certains et d'intervenir au besoin.
«En caressant un chien, les barrières tombent, on a accès à des témoignages», renchérit Vanessa Gaertner, conseillère à la gestion des études à la Faculté des sciences sociales. Elle se réjouit aussi de voir des gens de différentes facultés parler, réseauter. «Ça brise une forme d'isolement.»
Vanessa Gaertner précise que les zoothérapeutes appelées sur le campus, Jessica Laforest et Catherine Lemieux, sont membres de la Corporation des zoothérapeutes du Québec. Elles connaissent la clientèle étudiante, entrent facilement en contact avec elle et sont en mesure d'agir adéquatement s'il arrive quoique ce soit avec l'animal.
Tiana a pris ses aises en escaladant le dos de l'étudiante Agnès Pellerin, visiblement ravie. «J'ai deux chats à la maison, mais je viens de Montréal. Ils ne peuvent pas m'accompagner ici. Ça fait du bien de voir des animaux.»
La zoothérapeute Jessica Laforest le voit, les étudiants de l'extérieur deviennent parfois très émotifs. «Ils s'ennuient de leur animal et le disent», mentionne celle qui a aussi une formation en éducation spécialisée.
«On m'a dit qu'il y avait un lapin, ici?», demande un étudiant en s'approchant de la poussette où se trouve Wall-e. Jessica a plusieurs animaux dans son élevage, dont un dragon barbu, qu'elle amène parfois, et qui attire une clientèle plus masculine.
Pause canine à la Bibliothèque
Quelques jours plus tard, le 20 février, la zoothérapeute Catherine Lemieux se promenait entre les rayons de livres de la Bibliothèque avec ses chiennes Ivy, une berger australien de 4 ans, et Kyra, une labrador mélangée de 8 ans. Elle y vient depuis 2019. La Bibliothèque a été pionnière en zoothérapie sur le campus, il y a quelques années, et elle répartit aujourd'hui les séances entre les pavillons Jean-Charles-Bonenfant et Alexandre-Vachon.
L'idée a fait des petits, constate Julie Turgeon, coordonnatrice d'activités pour Mon équilibre ULaval. «Nous, on faisait la promotion et on servait de facilitateur. On recevait de plus en plus de demandes comme on annonçait sur notre site, notamment des associations. On a décidé d'en offrir nous aussi à l'intérieur et à l'extérieur durant la Semaine de la nordicité, l'an dernier. Ça fait toujours boule de neige. On en a remis à l'horaire cet automne et encore à deux reprises cet hiver, les 18 et 26 avril. On cible la fin de session», dit-elle en précisant vouloir augmenter le nombre de zoothérapeutes à venir sur le campus.
La période d'examens est toujours un moment-clé, indique pour sa part l'intervenante de proximité pour la FSS, Claudine Pelletier. Elle a entendu plusieurs étudiants et étudiantes souligner que cette pause en présence d'animaux, avant ou après un examen, les apaisait.
Des animaux entraînés à socialiser
«Zoothérapie» est un terme générique qui fait référence à toutes sortes d'interventions assistées par l'animal. Elle est conduite par un intervenant formé avec l'aide d'un animal sélectionné.
Jessica Laforest indique que certains animaux sont prédisposés à la zoothérapie. Le chat sphinx, un «chat chien», est fait pour ça, selon elle. Par contre, il est plus difficile de déceler des aptitudes sociales chez un lapereau ou un lézard. «Il faut les habituer, les désensibiliser.»
Ivy, la chienne de Catherine Lemieux, remue la queue dès qu'elle croise quelqu'un, mais sans sauter ni japper. «Elle adore les gens», dit sa maîtresse. On lui demande souvent la différence entre un chien d'assistance et un chien de zoothérapie. Le chien d'assistance reçoit un entraînement plus poussé et doit s'occuper de son humain sans aller voir tous les autres, explique-t-elle. Tandis que le chien de zoothérapie doit avoir une personnalité plus sociable.
N'empêche qu'au bout d'une heure trente à deux heures de caresses reçues à gauche et à droite, les bêtes en ont assez. Jusqu'à la prochaine fois. C'est pourquoi les séances sont de courte durée.
Très respectueuse, Catherine déambule en prenant les escaliers et non l'ascenseur, pour éviter de provoquer des allergies. Elle s'approche doucement des gens, pour savoir s'ils désirent passer un moment avec ses chiens. Et même s'ils n'ont pas envie ou pas le temps, ils ne peuvent s'empêcher de sourire devant les beaux yeux bleus d'Ivy.