
— Getty Images/Fca fotodigital
Pour passer d'une alimentation de qualité nettement sous la moyenne québécoise à une alimentation de qualité nettement au-dessus de la moyenne québécoise, une famille de quatre personnes pourrait avoir à payer 1800$ de plus par année. C'est ce que suggère une étude présentée dans la revue scientifique Nutrients par une équipe de recherche de l'Université Laval.
Les chercheurs arrivent à cette estimation à l'aide d'un modèle construit à partir de données réelles portant sur l'alimentation de 1147 personnes vivant dans 5 régions du Québec. En 2016 et 2017, ces personnes ont rempli à trois reprises un questionnaire de rappel alimentaire qui permet d'établir le type et la quantité d'aliments et de boissons consommés au cours des 24 heures précédentes.
«Ces données ont servi à calculer l'indice de saine alimentation des participants, explique le responsable de l'étude, Benoît Lamarche, professeur à l'École de nutrition et directeur scientifique du centre NUTRISS de l'Université Laval. Cet indice reflète dans quelle mesure leurs choix alimentaires respectent les recommandations du Guide alimentaire canadien de 2019.»
Pour estimer le coût de l'alimentation des participants, les chercheurs ont utilisé une base de données, compilée par Nielsen, sur les prix des denrées au Québec en 2015 et 2016. Cet exercice leur a permis de construire un modèle qui décrit comment le coût de l'alimentation varie en fonction de sa qualité au Québec.
Selon ce modèle, une personne dont l'alimentation correspondait au 75e percentile d'indice de saine alimentation payait, au moment de l'étude, 1,09$ de plus par jour pour se nourrir qu'une personne dont l'indice de saine alimentation se situait au 25e percentile. Cela représente près de 400$ de plus par année par personne, soit environ 1500$ supplémentaires pour une famille de quatre. Selon l'outil de calcul d'inflation de la Banque du Canada, ce montant correspond aujourd'hui à 1800$.
Les analyses des chercheurs montrent que le lien entre la qualité de l'alimentation et son coût est du même ordre de grandeur dans tous les sous-groupes sociodémographiques. Cela signifie que pour améliorer de 10 points l'indice de saine alimentation, il en coûte le même montant à toutes les familles, peu importe le revenu dont elles disposent.
— Benoît Lamarche
«L'amélioration de la qualité de l'alimentation constitue un défi financier, en particulier pour les familles à faible revenu, constate le professeur Lamarche. Dans une perspective d'alimentation durable, il est essentiel de mettre en place des politiques pour que les recommandations visant la saine alimentation puissent concilier qualité et pleine accessibilité à tous les aliments sains.»
Les auteurs de l'étude publiée dans Nutrients sont Gabrielle Rochefort, Didier Brassard, Julie Robitaille, Simone Lemieux, Véronique Provencher et Benoît Lamarche, du Centre NUTRISS et de l'Institut sur la nutrition et les aliments fonctionnels de l'Université Laval, et Marie-Claude Paquette, de l'Institut national de santé publique.