On savait que la chirurgie bariatrique conduisait à une amélioration spectaculaire des indicateurs de santé cardiométabolique. Voilà qu'une étude qui vient de paraître dans la revue NeuroImage montre qu'elle apporte aussi des bénéfices substantiels au cerveau. En effet, 2 ans après une chirurgie bariatrique, le cerveau de patients qui ont profité de cette intervention a «rajeuni» de plus de 5 ans.
C'est ce que démontrent les travaux d'une équipe québécoise de recherche dirigée par Andréanne Michaud, de l'École de nutrition et de l'Institut sur la nutrition et les aliments fonctionnels de l'Université Laval, et du Centre de recherche de l'Institut universitaire de cardiologie et de pneumologie de Québec. Cette équipe a utilisé trois bases de données contenant des images de cerveau pour établir à quel point la perte de poids suivant une chirurgie bariatrique parvenait à compenser le vieillissement prématuré du cerveau associé à l'obésité sévère.
Grâce à la première base de données contenant des informations sur 640 personnes de poids normal, les chercheurs ont construit un modèle permettant de déterminer ce qui constitue un changement normal dans la densité de matière grise avec l'âge. La seconde base de données, provenant du Human Connectome Project, a permis de comparer le cerveau de 46 personnes présentant une obésité sévère à celui de 46 personnes de même sexe, de même âge et de même ethnicité, mais ayant un poids normal.
«Cela nous a permis de valider notre modèle et de confirmer les conclusions d'études antérieures qui ont rapporté que l'obésité sévère était associée à des changements dans le cerveau, souligne la professeure Michaud. Nos analyses montrent que l'âge cérébral observé est environ 7 années plus élevé que l'âge chronologique chez les personnes souffrant d'obésité sévère.»
Les chercheurs ont ensuite utilisé leur modèle pour documenter l'évolution du cerveau chez 32 patients qui avaient subi une chirurgie bariatrique à l'Institut de cardiologie et de pneumologie de Québec – Université Laval. Les images avaient été prises deux mois avant la chirurgie ainsi que 4, 12 et 24 mois après l'intervention.
Les analyses montrent qu'un an après la chirurgie, le cerveau de ces patients avait «rajeuni» de 3 ans. Deux ans après la chirurgie, il était 5,6 années plus jeune. «L'âge cérébral de ces patients correspondait à ce qui est observé chez les personnes du même âge ayant un poids normal», constate Andréanne Michaud.
Plus la réduction de l'indice de masse corporelle, de la pression sanguine et de la résistance à l'insuline était grande, plus le rajeunissement était prononcé, ont constaté les chercheurs. «Notre étude suggère que les anomalies observées dans le cerveau des personnes avec obésité sévère peuvent être corrigées par une perte de poids importante et par l'amélioration de la santé cardiométabolique qui s'ensuit», résume la professeure Michaud.
La chercheuse et son équipe continuent de suivre ces patients pour déterminer si les gains observés se maintiennent et s'ils se traduisent par une amélioration à des tests mesurant les capacités cognitives.
L'étude parue dans NeuroImage est signée par Yashar Zeighami, Mahsa Dadar, Alain Dagher et Alan Evans, de l'Université McGill, Stephanie Fulton, de l'Université de Montréal, et par Justine Daoust, Mélissa Pelletier, Laurent Biertho, Léonie Bouvet-Bouchard, André Tchernof, Denis Richard et Andréanne Michaud, de l'Institut universitaire en cardiologie et en pneumologie de Québec et de l'Université Laval.