26 août 2022
95% d'économie pour remplacer les lampes de chambres de croissance
Plants de fraises, de soja et autres végétaux à l'étude continueront de pousser grâce à un partenariat entre la Faculté des sciences de l'agriculture et de l'alimentation et le Service des immeubles
À l'Envirotron et dans le pavillon des Services de l'Université Laval, 24 chambres de croissance permettent de faire pousser des plantes. «Ça ressemble à des frigos», lance la professionnelle de recherche Édith Tousignant, responsable de leur gestion et de leur entretien. Rien d'accueillant ni de transparent comme une serre, mais ces espaces restreints à environnement contrôlé offrent souvent de meilleurs résultats. «Ce sont des circuits fermés. On peut programmer la température, l'humidité relative, on peut jouer sur la photopériode, donc l'heure à laquelle on allume les lumières et on les éteint, pour simuler le jour et la nuit.»
La lumière, voilà où le problème est survenu à l'automne 2021. Alors que plusieurs lampes fluorescentes avaient brûlé, il était devenu impossible de les remplacer puisqu'elles n'étaient plus fabriquées. Il aurait fallu changer le système complet pour la somme de 27 500$ par chambre de croissance, soit 660 000$ au total, indique Édith Tousignant. Mais une collaboration de longue date entre la Faculté des sciences de l'agriculture et de l'alimentation (FSAA) et le Service des immeubles (SI) de l'Université a permis de baisser la facture à… 1600$ par chambre, pour un montant total de 38 400$. Une économie de près de 95%.
Demande en croissance
Il fallait agir puisque les projets se multiplient et de plus en plus de chercheurs utilisent les chambres de croissance, souligne Édith Tousignant. Ils y font pousser des fraisiers, des plants de poivrons, de tomates, de soya, de canola, et aussi de Nicotiana Benthamiana, pour la recherche sur les vaccins avec la compagnie Medicago, donne-t-elle comme exemples. Les chambres servent aussi à cultiver des semis, ensuite transférés dans les serres pour des recherches subséquentes, à étudier le comportement de certains insectes en fonction de la température ou l'effet de l'intensité lumineuse sur la croissance des plantes.
Devant le besoin de remplacer l'éclairage, Caroline Labbé, aussi professionnelle de recherche à la FSAA, a eu l'idée d'acheter des lampes horticoles DEL sur Amazon. Encore fallait-il les installer, les relier au système de contrôle existant (il faut parfois allumer un quart des lampes, la moitié, les trois quarts ou la totalité, selon l'heure) et permettre de les rapprocher ou de les éloigner des plantes. «Je voulais que ça fonctionne de la même façon qu'avant», résume Édith Tousignant.
Elle a contacté le département de la réfrigération au SI, avec qui elle parle très régulièrement. Deux techniciens, Mario Nadeau («une soie» dont le décès subit au printemps a peiné tout le monde) et Jean-Roger Rioux, ont élaboré un prototype, approuvé après quelques tests de Caroline Labbé. François Dubé et Jocelyn Martineau de l'équipe de ferblanterie ont poursuivi le projet en sécurisant et en bonifiant le système de glissière qui supporte les panneaux DEL, très lourds, et permet d'en ajuster la hauteur.
«Ce sont des artistes ingénieux», lance Édith Tousignant avec admiration. «Il s'agit de belles tâches, très techniques et non récurrentes. Les employés adorent ça, il faut se creuser les méninges. On économise pour la faculté et on satisfait les besoins d'accomplissement de soi de nos employés. C'est gagnant-gagnant», ajoute Michel Bourret, coordonnateur en technique du bâtiment au SI. Ce genre de partenariat n'était pas une première, et perdure depuis plus de 15 ans avec la FSAA et la Faculté de foresterie, de géographie et de géomatique, précise-t-il.
Dans le présent dossier, les lampes de cinq chambres de croissance ont été modifiées. Les autres chambres subiront le même sort, une fois que les expériences commencées avec l'ancien éclairage fluorescent seront terminées, puisqu'il faut garder les mêmes paramètres en recherche. Pour la suite des choses, Édith Tousignant fait des démarches afin d'acheter les lampes DEL d'une compagnie québécoise. Que la lumière soit!