Les étudiants de deuxième cycle et stagiaires postdoctoraux de Sentinelle Nord peuvent compter sur un nouvel outil pour expliquer leurs projets de recherche. Ils ont été jumelés avec des étudiants en design graphique, qui ont conçu des visuels autoportants visant à illustrer, à résumer, à simplifier des enjeux scientifiques pour un public non initié. Le résultat de cette collaboration interdisciplinaire, nommée Design ta science!, a été dévoilé le jeudi 2 juin lors d'un vernissage au pavillon Gene-H.-Kruger et sera exposé dans le réseau des Bibliothèques de Québec.
Jérôme Lessard, chargé d'enseignement à l'École de design, estime entre 250 et 270 heures de travail abattu par la quarantaine d'étudiants du premier cycle inscrits à l'atelier Visualisation de l'information, offert à la dernière session d'hiver. Essentiellement par Teams et par courriels, ils ont échangé avec 9 étudiants-chercheurs de Sentinelle Nord. Une équipe avait aussi pour mandat d'expliquer ce programme, qui vise à faire la lumière sur l'environnement nordique et son impact sur l'être humain. Rappelons qu'en 2015, l'Université Laval a décroché une subvention de 98M$ pour le déploiement de la stratégie Sentinelle Nord, somme qui provient du Fonds d'excellence en recherche Apogée Canada du gouvernement fédéral.
Les communications visuelles produites devaient être de type roll-up, soit enroulantes, pour permettre aux projets de voyager facilement. Présentées dans les communautés inuites au gré des déplacements des étudiants-chercheurs ou à des conférences, elles seront d'ailleurs traduites en anglais et en inuktitut, souligne Marie-France Gévry, coordonnatrice des programmes de formation à Sentinelle Nord.
«D'habitude, c'est moi qui fais mes visuels, dit Pascal Paradis, étudiant au doctorat en physique. Mais ce n'est jamais aussi beau et réussi.» Il a demandé à ses collaboratrices en design graphique de rendre sa recherche accessible à un large public. Il compte utiliser les communications ainsi créées tant en taille réelle qu'en format électronique, même auprès de sa famille et de ses amis. Ce projet porte, en particulier, sur le développement d'un laser impulsif tout-fibre suffisamment robuste et fiable pour être déployé dans des environnements extrêmes et qui permet de détecter des gaz à effet de serre dans le Grand Nord.
Deux projets récompensés
Les sujets abordés allaient de l'évolution du dégel du pergélisol à l'impact des changements des règlements de chasse sur la population de la grande oie des neiges. Ligne du temps, carte, visuels accrocheurs… plusieurs stratégies ont été déployées pour capter l'attention et transmettre une information claire et pertinente. L'équipe formée des designers graphiques Benjamin Gatien et Émilie Lévesque et de l'étudiant à la maîtrise en biologie végétale Charles-Félix Fournier-Côté a été doublement récompensée, en recevant un prix d'excellence et le prix du public.
«On s'est vraiment sentis projetés dans un univers», a lancé Émilie L. Dubois, fondatrice et graphiste scientifique de l'Agence IMPAKT Scientifik, et jurée-panéliste de l'exposition aux côtés de Julien Chapdelaine, conseiller stratégique en médias sociaux au Bureau du scientifique en chef du Québec, et de Jacynthe Roberge, professeure à l'École de design de l'Université Laval. L'objectif était de démontrer aux citoyens de Cambridge Bay, au Nunavut, les avantages potentiels d'une serre commerciale nordique et de les convaincre que la réussite du projet dépend de leur participation.
Une carte incite la population à découvrir des mini-serres déjà mises en place. «C'est une invitation à passer à l'action», applaudit Émilie L. Dubois.
Le jury a également remis un prix d'excellence aux designers graphiques Émilie Cheminais et Alexandra Nicolaïeff, jumelées à Alexandra Cassivi, stagiaire postdoctorale à la Chaire de recherche en eau potable. L'objectif, cette fois, était de conscientiser et d'informer les citoyens de la ville de Québec aux enjeux liés à l'approvisionnement en eau potable chez les communautés nordiques. Julien Chapdelaine s'est senti interpellé par le haut de l'affiche, un visuel qui confronte deux réalités: l'accès à l'eau des habitants des communautés inuites et celui des citoyens de Québec. «On a une belle représentation d'une communauté. On est dans l'ère de l'équité, de la diversité et de l'inclusion; c'est bien fait.»
Les jurés-panélistes, qui se sont basés sur une grille d'une dizaine de critères d'évaluation, ont insisté sur l'importance de l'approche humaine en communication visuelle, ces projets ne s'adressant pas à des robots. «Mettez-y de l'humanité!»
Voir les projets visuels des deux équipes gagnantes (PDF)
Dans une bibliothèque près de chez vous
En plus de servir aux étudiants-chercheurs, les visuels de Design ta science! seront exposés au sein du réseau des Bibliothèques de Québec. Le grand public pourra donc en prendre connaissance dans ces établissements:
Chrystine-Brouillet (arrondissement de La Haute-Saint-Charles), du 26 juillet au 1er septembre 2022
Étienne-Parent (arrondissement de Beauport), du 13 septembre au 20 octobre 2022
Aliette-Marchand (arrondissement des Rivières), du 29 octobre au 27 novembre 2022
Monique-Corriveau (arrondissement de Sainte-Foy–Sillery–Cap-Rouge), du 29 novembre au 5 janvier 2023