
L'étoile de mer Asterias rubens est l'une des espèces qui prolifèrent à proximité du site de culture de moules étudié par les chercheurs.
— W. Carter
Contrairement à l'agriculture intensive qui transforme les habitats en monoculture peu propice aux espèces sauvages, l'aquaculture de mollusques pourrait avoir des retombées très positives pour les autres animaux marins. C'est du moins le cas pour la culture des moules aux Îles de la Madeleine, rapporte une étude qui vient de paraître dans Frontiers in Marine Science.
Les chercheurs en ont fait la démonstration en mesurant l'abondance d'espèces vivant dans une zone de 2,5 km2 de la baie de Plaisance où la mytiliculture est pratiquée intensivement. Ils ont comparé cette abondance à celle de zones de référence situées à l'extérieur du site d'élevage des moules.
Aux Îles de la Madeleine, les moules sont élevées en suspension dans la colonne d'eau, sur des boudins de 2 mètres attachés à une ligne de 100 mètres de longueur. Chaque ligne est maintenue en place à l'aide de blocs de ciment installés aux extrémités et de blocs d'ancrage espacés le long de la ligne. Le site de baie de Plaisance compte plus de 180 lignes d'élevage.
Les inventaires réalisés par des plongeurs ont révélé que l'abondance de 6 des 9 espèces dominantes de la baie était nettement plus élevée sur le site d'élevage et à proximité de celui-ci que sur les sites de référence. C'est notamment le cas pour le homard et pour certaines espèces de crabes, d'étoiles de mer et de mollusques. L'abondance de ces espèces atteignait un maximum directement sous les lignes d'élevage.

L'abondance du homard est plusieurs fois plus élevée à proximité du site d'élevage de moules de la baie de Plaisance que dans les zones qui en sont distantes.
— Derek Keats
Les chercheurs avancent deux hypothèses pour expliquer la richesse taxonomique et l'abondance des espèces présentes dans la zone d'élevage des moules. La première, les moules qui tombent des boudins attirent des espèces qui s'en nourrissent. La seconde, les blocs de ciment, les blocs d'ancrage et les coquilles de moules qui s'accumulent sur le fond marin ajoutent de la structure et de la complexité à un environnement qui en est dépourvu, créant du coup des abris où peuvent se réfugier de nombreuses espèces.
Malgré ces effets locaux positifs, les répercussions à long terme de la culture des moules sur la distribution spatiale de la macrofaune benthique et sur les pêches demeurent incertaines, précisent les chercheurs.
Les signataires de l'étude parue dans Frontiers in Marine Science sont Anne-Sara Sean, Annick Drouin et Christopher McKindsey, de Pêches et Océans Canada, et Philippe Archambault, professeur au Département de biologie de l'Université Laval et chercheur membre de Québec Océan et du réseau ArcticNet.