C'était en 2015. Collectionneur et cinéphile invétéré, François Lemai faisait don à l'Université Laval de centaines de caméras, projecteurs, lanternes magiques, kaléidoscopes et autres appareils datant d'aussi loin que les années 1830.
L'objectif, dès le départ, était clair: en plus de servir à l'enseignement et la recherche, ces trésors cinématographiques allaient alimenter des expositions et diverses activités de médiation. Après un colloque réunissant cinéastes, historiens, archivistes et autres experts en 2019, c'est maintenant au tour du grand public de découvrir – enfin! – cette collection d'une valeur inestimable.
L'exposition Pour l'amour du cinéma prend l'affiche à la Bibliothèque du 25 janvier 2022 au 19 février 2023. Ce projet, qui fut retardé quelque peu à cause de la pandémie, a été réalisé par deux étudiantes en muséologie aujourd'hui diplômées, Marie-Kim Gagnon et Ambre Sibuet-Masson.
Leur but est de présenter à la fois la collection et l'histoire du collectionneur. «Nous avons pensé cette exposition pour que chaque visiteur en retire une émotion ou une information. Certains s'émerveilleront de la grande diversité des objets, de leur beauté ou encore de leurs avancées techniques et matérielles. D'autres seront attirés par les nombreuses anecdotes qui raviront les curieux», promet Ambre Sibuet-Masson.
La soixantaine d'objets exposés est représentative de la production mondiale d'appareils cinématographiques depuis l'époque du pré-cinéma. En plus de constater les innovations technologiques au fil du temps, on peut découvrir des modèles inusités qui ont servi à d'autres fins que celle du cinéma, comme cette «caméra-mitrailleuse», utilisée pendant la Deuxième Guerre mondiale pour l'entraînement militaire.
Dans une vitrine à l'extérieur de la salle d'exposition sont présentés les objets coups de cœur du collectionneur, notamment une superbe lithophanie, un phénakistiscope et des modèles très rares de caméras et de projecteurs.
Pour créer le fil conducteur de l'exposition, Marie-Kim Gagnon et Ambre Sibuet-Masson ont discuté avec François Lemai à plusieurs reprises, que ce soit en personne, en ligne ou au téléphone. Les étudiantes ont aussi eu droit à une visite guidée dans les collections de l'Université. «Il nous a fait l'honneur de nous présenter chacun de ses objets, parfois même leurs mécanismes, en ponctuant ses explications d'anecdotes en tout genre. Il est fascinant et sa mémoire est impressionnante», a constaté Ambre Sibuet-Masson. «François Lemai rend le cinéma accessible à des personnes qui, comme nous, ne sont pas familières avec ce domaine, d'ajouter sa collègue. C'est un homme généreux de son temps, de ses connaissances… et de sa collection!»
Originaire de la France, François Lemai a démarré sa collection dans les années 1990, d'abord en faisant le tour des marchés aux puces pour ensuite se tourner vers les événements spécialisés et les plateformes de vente en ligne. En léguant tous ces objets à l'Université, il s'assurait de leur préservation, en plus de leur donner une deuxième vie avec l'enseignement et la recherche. «La collection contient des appareils rarissimes qui sont pour la majorité en excellent état et qui fonctionnent encore aujourd'hui. Elle possède donc une valeur scientifique inestimable pour la recherche et l'avancement des connaissances dans le domaine du cinéma, maintenant accessible par l'entremise du milieu universitaire», conclut Marie-Kim Gagnon.
L'exposition Pour l'amour du cinéma est présentée au 1er étage du pavillon Jean-Charles-Bonenfant. L'entrée est libre.