La prise de suppléments vitaminiques semble essentielle pour que les femmes enceintes atteignent des concentrations sanguines adéquates en vitamine D. C'est ce que suggèrent deux études récentes auxquelles a participé la professeure Anne-Sophie Morisset, de l'École de nutrition de l'Université Laval.
La première étude, publiée dans l'American Journal of Clinical Nutrition, a utilisé des données d'une enquête menée entre 2008 et 2011 auprès de 2001 femmes enceintes de six provinces canadiennes. La seconde étude, parue dans The Journal of Nutrition, a fait appel à 79 femmes enceintes recrutées au Québec en 2016 et 2017.
Les deux études ont estimé l'apport quotidien en vitamine D provenant de l'alimentation et de la prise de suppléments vitaminiques chez chacune des participantes. Les chercheuses ont ensuite étudié l'association entre ces estimations et les concentrations sanguines en vitamine D mesurées depuis le premier trimestre jusqu'à l'accouchement.
Les analyses montrent qu'il y a une relation directe entre la concentration sanguine de vitamine D chez les femmes enceintes et l'apport en vitamine D provenant de la supplémentation. «Chez la plupart des femmes, les multivitamines apportent presque deux fois plus de vitamine D que l'alimentation. Il n'est pas impossible d'atteindre les concentrations sanguines recommandées en vitamine D par l'alimentation, mais ce n'est pas facile. Il faut être une bonne buveuse de lait ou consommer beaucoup de poissons gras comme le hareng ou le saumon», souligne Anne-Sophie Morisset.
La chercheuse associée au Centre de recherche du CHU de Québec – Université Laval et à l'Institut sur la nutrition et les aliments fonctionnels rappelle que la vitamine D est essentielle au développement normal des os chez le fœtus. Le risque de ne pas atteindre la concentration sanguine adéquate est plus grand chez les femmes moins scolarisées, chez celles dont le revenu familial est peu élevé et chez les femmes qui ont un indice de masse corporelle supérieur à 30 kg/m2, précise-t-elle. «Les femmes présentant des facteurs de risques devraient faire l'objet d'un suivi particulier pendant la grossesse. Il faudrait mesurer leur concentration sanguine en vitamine D dès le premier trimestre et, s'il y a risque de carence, leur prescrire des suppléments.»
Toutes les femmes enceintes devraient s'assurer de consommer suffisamment de vitamine D pour répondre à leurs besoins et à ceux du foetus, estime la professeure Morisset. «Présentement, Santé Canada recommande aux femmes enceintes de prendre quotidiennement une multivitamine pour couvrir leurs besoins en acide folique et en fer. Cette recommandation pourrait être élargie de façon à préciser que la multivitamine devrait aussi inclure de la vitamine D en dose suffisante pour répondre aux besoins des femmes enceintes», propose-t-elle.