Les lauréates et lauréats des Prix du Québec ont été dévoilés le 27 octobre par une vidéo Facebook. L’Université Laval s’est particulièrement distinguée lors de cette annonce puisque 3 des récipiendaires de cette année font partie de son corps professoral.
Les Prix du Québec constituent la plus haute distinction décernée par le gouvernement du Québec à des personnalités du monde de la culture ou de la science. Ces 9 prix culturels et 7 prix scientifiques soulignent l’apport exceptionnel de personnalités qui font particulièrement évoluer leur domaine d’activité, repoussent les limites du savoir et permettent à la société québécoise de rayonner au-delà des frontières.
Francine Saillant
Professeure à la Faculté des sciences sociales
Prix Marie-Andrée-Bertrand 2021
Professeure émérite du Département d’anthropologie, Francine Saillant s’est particulièrement distinguée en anthropologie de la santé, l’un de ses domaines de prédilection. Soutenue en 1988, sa thèse de doctorat, qui portait sur les aspects cliniques du cancer, a été la première dans le champ de l’anthropologie médicale clinique au Québec. L’ouvrage qui en est issu, Cancer et culture: produire le sens de la maladie, est considéré encore aujourd’hui comme une référence pour les soins palliatifs et oncologiques. Pionnière dans son domaine, elle s’est ensuite intéressée à des sujets encore peu étudiés d’un point de vue anthropologique, comme la santé des femmes, la grossesse et l’accouchement, les troubles alimentaires, le vieillissement, la vulnérabilité, la maladie chronique et la pratique des soins. Sa contribution à la société québécoise est non négligeable puisque ses recherches et ses réflexions ont concrètement aidé à l’évolution des pratiques sociales et médicales, notamment en matière de reconnaissance des proches aidants. En outre, ses travaux sur la médecine populaire au Québec et l’apport des femmes aux soins familiaux ont permis l’acceptation de certaines thérapies non conventionnelles.
Francine Saillant s’est également penchée sur la question des droits dans deux projets majeurs. Dans le premier, elle a exploré l’idée de réparations auprès des populations noires du Brésil. Comment compenser les torts engendrés par l'esclavage, puis le racisme? Son ouvrage Le mouvement noir au Brésil, 2000-2010, qui approfondit cette question, a reçu la médaille Luc-Lacourcière en 2016. Dans le deuxième projet, InterReconnaissance, elle a fait la lumière sur les actions des groupes communautaires québécois en matière de droits des personnes marginalisées et vulnérables, notamment les femmes, les personnes immigrantes, celles en situation de handicap, celles avec un diagnostic en santé mentale et les personnes LGBTQ+. Ce travail consistait à tracer le portrait de la contribution du milieu communautaire au changement social qui a marqué la société québécoise au cours des 50 dernières années.
Récompensant l’innovation sociale, le prix Marie-Andrée-Bertrand est décerné, depuis 2012, à une personne qui a mené une carrière remarquable en recherche et dont l’envergure et la qualité scientifique des travaux ont mené au développement et à la mise en œuvre d’innovations importantes conduisant au mieux-être des individus et des collectivités.
Pour consulter la notice biographique complète de Francine Saillant.
Pour lire l'article «Francine Saillant, l'infatigable anthropologue».
Céline Vaneeckhaute
Professeure à la Faculté des sciences et de génie
Prix Relève scientifique 2021
Titulaire de la Chaire de recherche du Canada en récupération des ressources en ingénierie des bioproduits, Céline Vaneeckhaute se démarque par son apport significatif à la résolution d’un défi majeur de la société actuelle: récupérer les ressources issues des eaux usées et des matières résiduelles pour s’assurer d’un environnement sain pour les populations actuelles et futures. Professeure au Département de génie chimique depuis 2016, elle œuvre, notamment, à la mise au point d’une nouvelle technologie pour la récupération des excédents de phosphore qui polluent les eaux. Le phosphore ainsi récupéré pourra être employé comme fertilisant. Cette innovation est actuellement testée sur un site de Bionest et sera bientôt exploitée au Nunavik pour le bénéfice des populations inuites. Un autre de de ses projets de recherche a permis la création d’une technologie durable pour la récupération de l’azote.
En 2016, Céline Vaneeckhaute a fondé le laboratoire BioEngine sur l’ingénierie des produits verts et des bioraffineries, un modèle unique au Canada spécialisé dans les essais de biométhanisation et de récupération des nutriments. En partenariat avec des municipalités et des industries, elle cherche activement des solutions durables pour la valorisation des résidus. Présentement, elle travaille aussi sur un nouveau logiciel d’aide à la décision pour optimiser les chaînes de valorisation des matières résiduelles, ce qui inclut le transport, le traitement et la distribution des produits finis vers les utilisateurs. Tous ces projets qu'elle chapeaute visent à développer des technologies ainsi que des outils de modélisation pour stimuler la transition vers une économie circulaire axée sur des bioressources.
Le prix Relève scientifique est attribué à une personne de 40 ans ou moins se distinguant par l’excellence de ses travaux de recherche et démontrant des aptitudes à établir et à maintenir des liens constructifs et durables avec les milieux de la recherche.
Pour consulter la notice biographique complète de Céline Vanneckhaute.
Pour lire l'article «Professeure à la découverte du Nord».
Claude Poirier
Professeur à la Faculté des lettres et des sciences humaines
Prix Georges-Émile-Lapalme 2021
Professeur émérite du Département de langues, linguistique et traduction, Claude Poirier est un ardent défenseur du français québécois auprès de ses locuteurs. Dès 1976, ce spécialiste de la lexicologie et de la lexicographie lance avec deux collègues, Marcel Juneau et Micheline Massicotte, l’immense projet d’écrire l’histoire du français du Québec. Ils fondent alors un laboratoire de recherche au nom évocateur, Trésor de la langue française au Québec (TLFQ) – que Claude Poirier dirigera de 1983 à 2011 – avec l’intention de publier ultérieurement un dictionnaire historique. Celui-ci, publié en 1998, jouit immédiatement d’un accueil chaleureux. Le Dictionnaire historique du français québécois est depuis un ouvrage de référence fort précieux.
Claude Poirier a fait ses premières armes dans la rédaction d’un dictionnaire avec l’audacieux Dictionnaire du français plus – dont il était directeur – qui a remis en question, lors de sa publication en 1988, la norme du français parlé et écrit au Québec. Le Dictionnaire universel francophone, pour lequel il a rédigé environ 1700 articles sur le français d’Amérique du Nord, a, quant à lui, été publié chez Hachette, en France, en 1997.
Durant toute sa carrière, Claude Poirier a œuvré à la défense et à la réhabilitation du français québécois. Son dernier projet d’envergure, la Base de données lexicographiques panfrancophone (BDLP), lancée en mars 2004, s’inscrit encore dans cet objectif, notamment en faisant voir qu’un certain nombre des caractéristiques du français québécois, qu’on croit originales, se retrouvent ailleurs dans la francophonie.
Le prix Georges-Émile-Lapalme est attribuée à une personne pour sa contribution remarquable à la promotion et à la qualité de la langue française parlée ou écrite au Québec. La personne lauréate de ce prix doit avoir significativement contribué à accroître le rayonnement de la langue française ou grandement enrichi la qualité du français en usage au Québec.
Pour consulter la notice biographique complète de Claude Poirier.