
La conférence de Marie-Hélène David avait pour titre «De minis changements pour un quotidien moins toxique».
Chaque mois, nous sommes exposés à environ 1400 substances chimiques. Et sur les 85 000 produits approuvés par Santé Canada, seulement 5% ont réellement été testés en profondeur.
Ces chiffres qui donnent le vertige ont été avancés par Marie-Hélène David au début de sa conférence. Le 26 avril, la fondatrice de Myni était à l'Expo Manger santé et vivre vert pour partager quelques conseils pratiques afin de faire des choix éclairés en matière de produits de nettoyage et de cosmétiques.
On s'en doute, mais il est bon de le rappeler: bon nombre de produits ménagers ne font pas que nettoyer. Ils polluent, irritent, abîment – parfois même gravement. Certains ingrédients peuvent accroître les risques de cancer ou provoquer des troubles respiratoires. Et pourtant, ils trônent encore sur les tablettes de nos épiceries.
Selon Marie-Hélène David, réduire la toxicité dans son environnement, c'est loin d'être mission impossible. Entre des applications comme Yuka, qui lisent le code-barre des produits et décryptent leur composition, et les épiceries en vrac, qui offrent une foule de produits écologiques sans emballage, il existe de nombreuses options pour les consommateurs.
«Souvent, les gens pensent qu'ils doivent changer toutes leurs habitudes de consommation. Devant l'ampleur de la tâche, plusieurs abandonnent en cours de chemin. Une maison sans toxicité, ça peut être une progression, un petit pas à la fois. Il n'est pas nécessaire de faire de grands changements tout d'un coup», explique la conférencière, interviewée par ULaval nouvelles en marge de l'événement.
Un déclic personnel à l'origine d'une entreprise
Myni propose des produits d'entretien ménager et de soins personnels non toxiques. Rien ne destinait Marie-Hélène David, détentrice d'un MBA en comptabilité, à fonder une telle entreprise écoresponsable.
Mais en 2020, un incident change tout: «Deux ans après notre déménagement dans un condo neuf, un tuyau dans la salle de bain a percé. Le plombier que nous avons contacté a dit que ce problème était dû à la bouteille de Lysol, entreposée sous le lavabo. Ce produit est tellement corrosif qu'il avait corrodé le métal des tuyaux.»
Réalisant que la grande majorité du contenu des bouteilles de nettoyant est constituée d'eau, Marie-Hélène David s'est lancée dans la création de produits maison. De fil en aiguille, elle a fait appel à un chimiste pour élaborer des recettes plus efficaces et respectueuses de l'environnement. Ainsi est né Myni, une entreprise qui possède plusieurs centaines de points de vente. Son produit vedette: les pastilles écologiques pour lave-vaisselle, devenues un acteur majeur sur le marché nord-américain.
— Marie-Hélène David
L'entrepreneure et son équipe collaborent aussi avec de grandes marques qui veulent assainir leurs produits et faire table rase du microplastique, encore très utilisé par l'industrie. «Notre usine ayant une grande capacité, on peut produire pour d'autres. Certains de ces produits ne font pas partie de notre collection. Cette entité se nomme Purpose Lab», explique celle qui a été honorée lors de la Soirée des Fidéides 2024, organisée par la Chambre de commerce et d'industrie de Québec.
À l'Université Laval, Marie-Hélène David a fait partie d'une des cohortes de l'Académie de la relève entrepreneuriale-CDPQ, offrant de l'accompagnement aux étudiantes et étudiants qui fondent des entreprises. Bien que son projet d'affaires ait changé depuis cette époque, elle en garde de précieux souvenirs. «Au-delà des compétences nécessaires pour lancer une entreprise et la faire grandir, l'Académie offre des outils pour développer le savoir-être. Cela m'a amenée à me questionner sur quel genre d'entrepreneure je souhaite devenir et la trace que je veux laisser. Pour moi, ce fut déterminant dans mon parcours.»
Ses études au MBA et au baccalauréat en administration des affaires se sont avérées tout aussi porteuses, elle qui dit avoir la «FSA ULaval tatouée sur le cœur». «Encore aujourd'hui, je me réfère très souvent à ce que j'ai appris durant mes années à l'Université. Outre mes connaissances, j'ai développé un réseau de relations à travers des compétitions comme les Jeux du commerce. Que ce soit comme entrepreneure ou partenaire, je suis encore en contact avec plusieurs personnes avec qui j'ai tissé des liens.»

L'Expo Manger santé et vivre vert a attiré plusieurs centaines de visiteurs.
Partager le savoir universitaire
L'Expo Manger santé et vivre vert avait lieu au Centre des congrès de Québec, les 26 et 27 avril. Cet événement annuel, qui se déroule aussi à Montréal, propose plusieurs conférences et kiosques d'information et de dégustation. L'objectif: faire le point sur les plus récentes connaissances en matière d'alimentation et de saines habitudes de vie.
Pour la fondatrice de Myni, il s'agissait d'une troisième participation à l'événement. Comme elle, plusieurs membres de la communauté universitaire ou entrepreneures et entrepreneurs issus de l'Université Laval y sont fidèles. «Il est important que les étudiants et les diplômés se mobilisent pour des événements grand public comme l'Expo Manger santé et vivre vert. Quand on peut partager ses apprentissages, il faut le faire», conclut-elle.