28 mars 2025
Ma thèse en 180 secondes et Three Minute Thesis: les protéines au service des adhésifs et une nouvelle approche à la douleur chronique
La doctorante en génie du bois et des matériaux biosourcés Laura Chrétien remporte le premier prix de la finale locale francophone et Michelle Janusz, inscrite au doctorat en génie électrique, remporte celui de la finale locale anglophone

Michelle Janusz et Laura Chrétien, respectivement gagnantes de la finale locale du concours anglophone Three Minute Thesis et de la finale locale du concours francophone Ma thèse en 180 secondes.
«Je vous embarque avec moi pour une enquête scientifique un peu palpitante. Je vais vous parler de carapaces de crevettes, de café et de bière. Je vous promets que ce n'est pas une recette douteuse.»
C'est par ces mots que la doctorante en génie du bois et des matériaux biosourcés Laura Chrétien a commencé sa présentation lors de la finale locale 2025 du concours francophone Ma thèse en 180 secondes. L'événement était organisé par la Faculté des études supérieures et postdoctorales. Il s'est déroulé le mardi 25 mars à l'amphithéâtre Hydro-Québec du pavillon Alphonse-Desjardins devant environ 250 personnes. Tout autant de personnes se sont connectées à la diffusion en direct.
L'activité a réuni 9 finalistes francophones sélectionnés au sein de leurs facultés respectives, de même que 5 finalistes du concours anglophone Three Minute Thesis (3MT). Claires, concises et convaincantes: ce sont les qualités requises pour les présentations des personnes participantes, qui devaient présenter leur projet de recherche en termes simples et dans un maximum de 3 minutes à l'aide d'une seule diapositive statique.
À la fin de l'exercice, le jury a déclaré Laura Chrétien grande gagnante francophone pour son exposé «Les protéines au service des adhésifs». L'étudiante représentera l'Université Laval lors de la finale nationale de Ma thèse en 180 secondes qui se tiendra le mercredi 7 mai à l'École de technologie supérieure, à Montréal, à l'occasion du 92e Congrès de l'Acfas.
Michelle Janusz, pour sa part, est la grande gagnante du concours anglophone pour sa présentation intitulée «Silencing the Alarm: A New Approach to Chronic Pain». Elle représentera l'Université Laval à la finale nord-américaine du concours Three Minute Thesis organisée par la Northeastern Association of Graduate Schools le 25 avril, à l'Université Concordia. L'étudiante participera également à la finale régionale de l'Association canadienne pour les études supérieures le 4 juin, à l'Université Memorial.
Une colle issue de déchets
Dans son projet de recherche, Laura Chrétien travaille sur la mise au point d'adhésifs biosourcés à base de protéines et qui n'émettent pas de formaldéhyde.
«Quand on fabrique des panneaux de bois, dit-elle, l'adhésif qui est majoritairement utilisé, c'est l'urée-formaldéhyde. Il est super efficace, mais il va relâcher, tout au long de sa vie, le formaldéhyde, qui est une molécule toxique. Je vais donc essayer de développer une colle sans formaldéhyde issue de ressources renouvelables, disponibles en grande quantité. Alors pour ça, on a cherché et on a trouvé une piste: les protéines. Nous, ce qu'on veut, ce sont les déchets. On cherche des déchets qui sont riches en protéines et on a trouvé trois sources, ceux liés à la bière, les carapaces de crevettes et le résidu de la percolation du café.»
Il existe déjà des adhésifs fabriqués à l'aide de ces protéines, mais ils sont trop visqueux. «Imaginez étaler du miel froid sur une tartine, c'est l'enfer, soutient-elle. Là, c'est la même chose: la colle est trop épaisse, difficilement applicable et donc elle n'a pas de bonnes performances.»
La doctorante a pour objectif de créer une colle plus fluide et sans formaldéhyde avec des protéines. «Pour ça, ajoute-t-elle, on a émis l'hypothèse qu'il fallait couper les chaînes de protéines. En fait, une protéine, c'est une longue molécule. Pour couper mes protéines, comment je vais faire? Je vais utiliser ce qu'on appelle des enzymes, qui vont venir couper ma molécule à des endroits très précis afin que je puisse utiliser ces petits morceaux pour en faire des adhésifs.»
Comme une alarme qui se déclenche sans raison apparente
Dans son exposé, Michelle Janusz a comparé la douleur chronique à une alarme qui se déclenche chez soi sans raison apparente. «Les nerfs de la moelle épinière détectent les signaux de douleur de votre corps et les envoient au cerveau, explique-t-elle. Mais parfois, dans les conditions de douleur chronique, ces signaux peuvent être bloqués et agir comme une alarme défectueuse.»
Pour désactiver une fausse alarme, on se dirige normalement vers le tableau électrique. «Mais c'est comme dans notre colonne vertébrale, poursuit-elle, nous ne savons pas réellement quel nerf est responsable de l'envoi de ce signal de douleur chronique. Nous commençons à basculer tous les interrupteurs de manière erratique. Peut-être aurons-nous de la chance, le bruit s'arrête, mais nous avons également éteint notre réfrigérateur, nos lumières et notre chauffage, car ils étaient tous sur le même circuit. Et si, à la place, nous avions une télécommande qui nous permettait de désactiver juste la cause du problème sans affecter quoi que ce soit d'autre? C'est là que ma recherche intervient.»
La doctorante travaille sur la mise au point d'un petit implant spinal qui utilise la lumière pour activer et désactiver des nerfs spécifiques dans la colonne vertébrale sans affecter les autres nerfs autour, afin d'arrêter la transmission de ce signal de douleur. «Mais, bien sûr, pour désactiver l'alarme, nous devons d'abord savoir où elle se trouve, souligne-t-elle. Nous devons savoir quel nerf est responsable de ce signal de douleur chronique. C'est une autre partie de ma recherche.»
Une préparation sérieuse
«Cela reste un exercice encore assez nouveau pour moi, indique Laura Chrétien concernant sa préparation au concours. J'ai d'abord rédigé mon texte, puis je l'ai récité plusieurs fois pour bien le mémoriser. Petit à petit, j'y ai ajouté de l'émotion afin de capter l'attention du public. Je l'ai aussi présenté devant mon groupe de recherche pour avoir un maximum de retours et de conseils.»
Michelle Janusz, elle, a déjà fait des compétitions de vulgarisation scientifique. «Je me suis préparée en regardant quelques vidéos d'anciens gagnants du 3MT pour comprendre comment monter une analogie de mon projet, rappelle-t-elle. J'ai essayé de piger des idées de discussions que j'ai eues avec mes professeurs et en parlant avec mes collègues. Ensuite, j'ai vraiment pratiqué régulièrement pour que ça devienne une façon de parler plus naturelle plutôt qu'un exercice de mémorisation.»
Visionnez ci-dessous l'enregistrement de la finale des deux concours sur la chaîne YouTube de la Faculté des études supérieures et postdoctorales. La présentation de Laura Chrétien débute à la 25e minute et celle de Michelle Janusz, à la 50e.