
Les quatre étudiants fondateurs de KONOS Technologies. De gauche à droite: Justin Couturier, Jonathan Gauvin, Louis-Charles Baillargeon et Philippe St-Laurent.
La Faculté des sciences et de génie vient de remettre ses bourses Eggenius pour la période 2024-2025. Le dévoilement des projets lauréats a eu lieu le 20 mars à l'atrium du pavillon Alexandre-Vachon devant près de 75 personnes, notamment des donatrices et donateurs ainsi que des membres du corps professoral et de la communauté étudiante. Ces bourses se veulent un coup de pouce financier pour accélérer la mise sur pied et la réalisation de projets entrepreneuriaux étudiants en sciences, en technologie ou en ingénierie.
Trois projets dans la catégorie Envol se sont vu attribuer chacun une bourse d'une valeur de 10 000$. KONOS Technologies est l'un d'eux. Lancé par Louis-Charles Baillargeon, Justin Couturier, Jonathan Gauvin et Philippe St-Laurent, tous finissants au baccalauréat en génie mécanique, KONOS Technologies a pour mandat de développer des solutions d'automatisation qui visent à éliminer les blessures en milieu de travail. Leur premier produit est un système automatisé de pose et de retrait de cônes de signalisation sur les chantiers routiers. Le donateur de la bourse est Paul-Henri Fillion, un diplômé de l'Université Laval ayant fait carrière comme entrepreneur.
«Notre première version embryonnaire est fabriquée et nous la testons à l'heure actuelle, explique Louis-Charles Baillargeon. En parallèle, nous sommes en démarche pour protéger la propriété intellectuelle de notre système par un brevet.»
Un enjeu réel de santé et sécurité au travail
Chaque année, plus de 200 travailleurs sont blessés ou tués sur les chantiers routiers du Québec. La cause de cette hécatombe? En grande partie la pose et le retrait de façon manuelle des cônes de signalisation. «Les cônes pèsent au minimum 18 kilos, souligne l'étudiant. En ajoutant des pesées à la base du cône, le poids peut monter jusqu'à 68 kilos. Dans cet environnement de travail dangereux, notamment à cause du passage des voitures, les blessures musculosquelettiques sont surtout causées par le déplacement, debout à l'arrière d'un camion en mouvement et à longueur de journée, de centaines de cônes très lourds.»
Au baccalauréat en génie mécanique, les étudiantes et étudiants peuvent consacrer une série de leurs cours à des projets d'ingénierie. «Le cofondateur de KONOS Technologies, Justin Couturier, a amené l'idée de profiter de quelques-uns de ces cours pour s'attaquer à une problématique de l'industrie», raconte Louis-Charles Baillargeon.
Le projet évolue d'étape en étape. Le système en développement chez KONOS Technologies n'a pas encore été testé sur des chantiers routiers. Les étudiants sont accompagnés par l'une des grandes entreprises en signalisation au Québec. Un camion de l'entreprise leur sert de banc d'essai.
L'approche générale consiste jusqu'à présent à s'assurer que les fonctionnalités mécaniques primaires fonctionnent vraiment. «Au cours des prochaines semaines, indique-t-il, nous allons implémenter de l'électrique et de l'électronique pour valider certaines fonctionnalités électriques primaires. À terme, notre technologie intégrera des composants mécaniques, électriques et électroniques, et même de l'intelligence artificielle pour l'aspect vision numérique, qui facilite la tâche de l'opérateur.»
La machine mise au point par les étudiants fonctionne mécaniquement. Elle se décline en deux versions: semi-automatique et entièrement automatique.
Cette technologie permet d'entreposer les cônes sur la plate-forme à l'arrière du camion. Un dispositif, à l'arrière, s'occupe d'abaisser les cônes au niveau du sol et de les relâcher selon la vitesse du véhicule et l'intervalle prédéterminé entre chaque cône. Le dispositif peut aussi ramasser les cônes et les monter à la hauteur de la plateforme du camion.
«Avec l'automatisation, explique Louis-Charles Baillargeon, l'opérateur saura, grâce à l'interface utilisateur et par des capteurs où se situe le cône, à quelle vitesse roule le camion, le temps parcouru depuis que le cône a été relâché. Un mini-ordinateur de bord permettra de contrôler plusieurs moteurs, plusieurs composants et plusieurs capteurs.»
Des étudiants-entrepreneurs
Et l'entrepreneuriat? «On s'est dit qu'on voulait mettre à profit nos compétences en ingénierie pour faire une différence majeure et positive dans la société, répond l'étudiant. On trouvait qu'en dirigeant notre entreprise nous-mêmes, on pouvait la mener à notre manière, de façon plus efficace, plus directe. On trouvait qu'on pouvait avoir plus de facilité à avoir un impact plus grand comme entrepreneurs que comme salariés.»
Dans leur projet, les étudiants reçoivent un important soutien d'Entrepreneuriat ULaval, notamment en matière de finance, de marketing et de comptabilité. «Nous avons un background très génie, dit-il. Nous sommes très reconnaissants à Entrepreneuriat ULaval pour son aide, ainsi que du soutien financier des bourses Eggenius. Ce sont comme des tapes dans le dos.»
Optimiser les opérations de déneigement
Deux autres projets entrepreneuriaux ont reçu une bourse Eggenius dans la catégorie Envol.
Solutions SnowMate est une technologie intuitive pour les entreprises de déneigement qui prend en charge les contacts avec la clientèle et qui optimise les opérations de déneigement afin d'assurer un service impeccable. Maxence Lamarre (étudiant au baccalauréat en informatique), Gabriel Leblond (étudiant au baccalauréat en administration des affaires) et Corentin Mazabrard en sont les fondateurs. Solutions SnowMate offre notamment un outil d'optimisation des parcours et de la répartition (dispatch), un suivi en temps réel des déneigeurs, un service clientèle intégré avec paiements en ligne et alertes automatiques pour le déplacement de véhicules.
Détecter les espèces d'arbres de façon automatisée
Dendrometric, pour sa part, se donne pour mission de transformer les pratiques forestières en créant une solution de détection automatisée des espèces d'arbres. Vincent Grondin, le lauréat de la bourse, est étudiant au doctorat en informatique dans le laboratoire du professeur François Pomerleau. Andrea Lopicic l'accompagne dans ce projet entrepreneurial. À travers ses travaux de recherche, l'étudiant a développé une expertise dans l'utilisation de l'intelligence artificielle appliquée à la foresterie. Dendrometric commercialise une plateforme AIaaS intégrée améliorant la prise de décision quant à l'aménagement durable et la diminution des coûts de la chaîne d'approvisionnement, soit au niveau du reboisement, de la croissance et de l'exploitation.