12 avril 2021
De grands leaders inspirants
La communauté était invitée à assister au tout premier Forum du Cercle des leaders de l’Université Laval. Lucien Bouchard, ancien premier ministre du Québec, Sophie Brochu, présidente et chef de la direction d’Hydro-Québec, et Bernard Voyer, grand explorateur et conférencier, ont répondu aux nombreuses questions.

Quel sera le leadership de demain face aux grands défis collectifs? Voilà la question qui était au cœur du tout premier Forum du Cercle des leaders de l’Université Laval, auquel étaient présentes de grandes personnalités influentes de la société québécoise, personnalités qui composent aussi, et à notre grande fierté, le Cercle des leaders de l’Université Laval:
Lucien Bouchard, ancien premier ministre du Québec
Sophie Brochu, présidente et chef de la direction d’Hydro-Québec
Robert Lepage, metteur en scène, scénographe, auteur dramatique, acteur et cinéaste québécois
Bernard Voyer, grand explorateur et conférencier
En introduction, le célèbre metteur en scène québécois Robert Lepage est revenu sur des échanges qu’il a eus avec des étudiants du chantier d’avenir à la maîtrise sur mesure en intelligence et transformation, et dans lequel il était notamment question des caractéristiques nécessaires pour devenir un grand leader dans la société.
«Nous vivons énormément dans une société de compétition, de culture de l’élimination. L’idée n’est pas d’essayer d’être le numéro 1, mais plutôt d’être unique. Les gens auront toujours plus tendance à s’agglutiner autour d’une personne qui sort du lot, qui a une vision originale et différente sur les problématiques contemporaines. Il y a aussi toute la part de l’intuition. Un vrai leader, c’est celui qui va prendre la sortie de l’autoroute qui n’était pas prévue parce que justement, il y aura toujours de nouvelles réalités et qu'il faut sans cesse se renouveler.»
Le forum, qui avait lieu de façon virtuelle en raison de la pandémie, a permis à des étudiants des programmes d’études des Chantiers d’avenir ainsi qu’à des membres du personnel de poser des questions.
À la question de l’étudiant, Frédéric Audet, «Quel sera, selon vous, le plus grand défi des leaders de demain?», Lucien Bouchard, ancien premier ministre du Québec de 1996 à 2001, a répondu:
«Le leadership peut s’exercer dans plusieurs milieux. Pour ma part, je l’ai surtout abordé dans le milieu politique. Je crois que le grand défi des dirigeants politiques de demain serait de renouveler un lien de confiance avec la population. Cette importante rupture n'est pas uniquement présente chez nous; c’est un phénomène généralisé. Ceci est très important puisque ça met en cause cette valeur démocratique fondamentale: on choisit nos leaders puisqu’on leur fait confiance. À mon avis, nous devons revenir aux valeurs de base, c'est-à-dire que les leaders politiques doivent donner l’exemple, mais aussi que nous devons tous jouer notre propre rôle de leader dans notre milieu. Pour cela, on doit s’y préparer. Se préparer signifie prendre ses études au sérieux, mais aussi prendre au sérieux notre implication dans notre milieu. C’est aussi se préparer intellectuellement, c’est-à-dire lire, étudier, prendre davantage connaissance de notre histoire et de tout ce qui se passe autour de nous, dans la société.»
L’étudiante Alice Magny avait, pour sa part, la question suivante: «Comment faire en sorte que chacun puisse se sentir leader – à la hauteur de sa volonté et de ses capacités – et impliqué dans la résolution des enjeux d'aujourd'hui ?» Sophie Brochu, présidente et chef de la direction d’Hydro-Québec, lui a répondu:
«On ne se décrète pas leader dans la vie. C’est le regard, l’envie des autres de travailler avec nous qui détermine si nous sommes un leader. Alors je ne peux que nous encourager collectivement et individuellement à trouver ce qui nous passionne; et quand on est passionnés, on y met du temps, de l’énergie, de l’écoute, de la recherche, puis on crée autour de notre passion un noyau dur dans lequel les gens auront le goût de travailler. Être un leader, ce n'est pas une destination en soi, c’est un moyen. Il faut donc trouver ce qui vous fait rêver, ce qui vous passionne ou ce qui vous embête et ce qui vous irrite. Tout cela, en vous mettant dans la posture “Je veux concourir à plus grand que moi”, puisque qu'un leader cherchera toujours à devenir plus grand que lui-même. Il ne travaille pas sur sa carrière.»
À la question de l’étudiante Annick Kwetcheu Gamo, «Comment continuer d’avancer sereinement malgré le doute, l'incertitude ou le syndrome d’imposteur parfois?», l’explorateur Bernard Voyer a répondu:
«Ce n’est pas toujours facile, mais moi je dirais ceci: il faut toujours partir de ce qui a été fait, de ce qui a été réalisé. Je ne crois pas que ça soit une bonne idée de toujours essayer de chercher devant soi des cordes virtuelles, attachées dans le futur – alors qu’on ne connaît pas le futur – pour essayer d’avancer. Il faut démarrer à partir de ce qu’on a fait, de ce qu’on a réalisé et ça, personne ne peut vous l’enlever. Et de là, vous décidez la direction dans laquelle vous allez vous propulser. Et je vais reprendre ici les mots de monsieur Bouchard: il faut se connaître. Il faut s’accepter. Il faut s’adapter. Il faut apprendre. Pour savoir dans quelle direction, moi, je vais me lancer.»
Amélie Ouimet, étudiante à la Faculté des sciences de l’administration, avait une question qui était d’ailleurs posée par plusieurs autres étudiants: «Comment croyez-vous que la place des femmes leaders va évoluer dans le futur?»
«Bien que les générations qui nous aient précédés, d’hommes et de femmes, nous aient fait progresser immensément, nous sommes présentement sur un faux plat, a affirmé Sophie Brochu. Bref, il faut que les hommes et les femmes y travaillent davantage, à défaut de quoi, on recule. Il y a quelque chose de statistique et de mathématique là-dedans: chaque fois qu’on remplace une femme par un homme, on recule. Personnellement, ça me préoccupe.»
L’ancien premier ministre québécois, Lucien Bouchard, a souligné l’avancée dans le domaine. «Je suis tout à fait d’accord qu’il faut être pressés à ce sujet-là, mais il me semble que je constate un mouvement progressif qui est en train de s’accentuer. La masse critique des femmes compétentes est en train de s’accroître. Rappelons que les meilleurs finissants dans toutes les facultés sont en grande majorité des femmes, et ce, dans toutes les professions. De sorte que si on veut choisir les meilleurs : il faut les femmes, car ce sont elles, les meilleures! Il est en train de se constituer une base extrêmement importante, une masse critique, dans laquelle vont naître des leaders comme Sophie Brochu.»
La rectrice Sophie D’Amours a remercié tous les participants et les invités et a d’ailleurs expliqué en quoi de tels échanges, avec quatre grandes personnalités aussi influentes, s’avèrent une richesse pour les étudiantes et étudiants de l’Université Laval:
«Parce que nous croyons que leurs bagages diversifiés permettront aux étudiantes et étudiants d’apprendre par l’expérience et de se laisser inspirer afin de développer leur propre style de leadership. Le leadership se bâtit, selon nous, grâce à un ensemble de compétences dites d’avenir, comme la communication, la créativité ou l’intelligence émotionnelle. Nous avons de l’ambition pour notre communauté étudiante, car nous souhaitons former les leaders de demain. Des gens capables de résoudre des problèmes de société complexes et urgents, en portant un regard croisé sur différents domaines d’étude et en travaillant en équipe. Si la théorie du leadership peut s’apprendre dans les livres, comme université, nous croyons qu’il faut en plus faire vivre des expériences.»
Les Chantiers d’avenir
Le Cercle des leaders, qui réunit six personnalités québécoises d’envergure a été créé pour accompagner et inspirer les étudiantes et étudiants des Chantiers d’avenir, des formations interdisciplinaires nouveau genre bâties sur mesure autour d’un grand défi collectif, comme la sécurité alimentaire ou l’inclusion et la diversité. Les étudiants et étudiantes, en plus de la théorie, apprennent en expérimentant et en relevant des défis complexes de société. Une fois par année, le Cercle s’élargit à l’ensemble de la communauté universitaire à l’occasion du Forum du Cercle des leaders.
Deux membres du Cercle des leaders ne pouvaient malheureusement pas être présentes au forum virtuel. Il s’agit de Christiane Germain, femme d’affaires socialement engagée et coprésidente de Germain Hôtels, et de Joanne Liu, pédiatre et présidente de Médecins sans frontières de 2013 à 2019. Celle-ci fait également partie du panel d’experts indépendant chargé par l’Organisation mondiale de la santé d’évaluer la gestion de la COVID-19.
Rappelons que Lucien Bouchard, Robert Lepage et Bernard Voyer, sont tous trois récipiendaires de doctorats honorifiques de l’Université Laval.
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