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Selon vous, dans la liste suivante, quel est l'édulcorant dont les qualités nutritionnelles se comparent le plus avantageusement à celles du sucre de table: le sucre brut, le sirop d'agave, le sirop de maïs à haute teneur en fructose, l'aspartame, le sucralose ou le stevia? Si vous avez répondu le sucre brut, votre choix concorde avec celui le plus souvent sélectionné par les 1000 Canadiens de 16 à 30 ans qui ont participé à une enquête en ligne sur le sujet. Et tout comme eux, il est probable que vous associez à tort le caractère «naturel» d'un sucre à ses qualités nutritionnelles, avance une équipe de recherche dans un article paru dans le Canadian Journal of Dietetic Practice and Research.
Il faut admettre que plus la liste des édulcorants naturels ou artificiels allonge, plus la confusion grandit dans l'esprit des consommateurs, reconnaît une auteure de l'étude, Lana Vanderlee, professeure à l'École de nutrition et chercheuse au Centre NUTRISS de l'Université Laval.
«Lorsqu'on parle de sucres raffinés qui sont ajoutés aux aliments, il n'existe pas vraiment de sucre santé, poursuit-elle. Un sucre est un sucre et on devrait viser à en consommer le moins possible. Quant aux édulcorants artificiels, les réactions physiologiques qu'ils provoquent sont encore mal documentées et leur saveur très sucrée pourrait influencer les choix alimentaires des consommateurs. C'est pourquoi on recommande également d'en réduire au maximum la consommation.»
Lors de l'enquête en ligne, les participants devaient évaluer la qualité nutritionnelle de six édulcorants par rapport à celle du sucre de table. L'analyse des réponses suggère que les répondants associent le caractère «naturel» d'un sucre à sa valeur nutritionnelle. Par exemple, 48% des répondants percevaient le sucre brut comme étant plus santé que le sucre de table, alors que dans les faits, ils se valent. «Il y a beaucoup de confusion au sujet des sucres et les gens utilisent un critère simple – si c'est naturel, c'est bon – pour se faire une idée. D'ailleurs, l'industrie alimentaire mise sur l'aura santé entourant le “naturel” dans la mise en marché de ses produits», souligne la professeure Vanderlee.
— Lana Vanderlee
Si le Canada suit l'exemple d'autres pays, les consommateurs pourraient recevoir un peu d'aide pour y voir plus clair au sujet des sucres. «Le Chili et le Mexique ont adopté des mesures qui obligent l'industrie alimentaire à indiquer sur l'emballage de ses produits si leur contenu en sucres est élevé. Santé Canada a entrepris une démarche similaire qui portera aussi sur le sel et les gras saturés. On ne sait toutefois pas à quel moment ces mesures entreront en vigueur au pays», précise la chercheuse.
Outre Lana Vanderlee, les auteurs de l'étude sont Samantha Goodman, Amanda Jones, Christine White et David Hammond, de l'University of Waterloo.