
L'indice de qualité de l'alimentation des Québécois s'établit maintenant à 55%, alors qu'il était à 59% en 2004. «L'alimentation des Québécois n'a pas beaucoup changé au cours des dernières années et elle est demeurée peu reluisante», constate Benoît Lamarche.
Cette étude, dirigée par Benoît Lamarche de l'École de nutrition et de l'Institut sur la nutrition et les aliments fonctionnels (INAF) de l'Université Laval, a été réalisée grâce au concours de 1 147 personnes vivant dans cinq régions administratives du Québec. Entre août 2015 et avril 2017, les participants ont rempli à trois occasions un questionnaire de rappel alimentaire en ligne permettant d'établir le type et la quantité d'aliments et de boissons consommés au cours des 24 heures précédentes.
Les chercheurs ont comparé les données recueillies aux recommandations du Guide alimentaire canadien. Les analyses révèlent que le pourcentage de répondants qui n'atteignent pas la cible recommandée est de 76% pour les fruits et les légumes, même en incluant les jus de fruits, de 88% pour les produits céréaliers de grains entiers et de 61% pour les produits laitiers ou leurs équivalents. De plus, 81% des répondants consomment plus de sel que la limite prescrite et 74% des répondants ont un apport en gras saturés qui dépasse la limite quotidienne recommandée.
L'indice de qualité de l'alimentation des Québécois, qui reflète la qualité globale des choix alimentaires par rapport aux recommandations du Guide alimentaire canadien, s'établit à 55%. Ce score est inférieur à ceux obtenus au Québec en 2004 et aux États-Unis en 2015, soit 59%. «L'alimentation des Québécois n'a pas beaucoup changé au cours des dernières années et elle est demeurée peu reluisante», constate Benoît Lamarche.
Un autre volet de cette étude suggère que les Québécois sont peu conscients de cette situation. En effet, 75% des répondants estiment que leur alimentation est bonne, très bonne ou excellente, alors que 25% la jugent passable ou mauvaise. «Dans les faits, c'est plutôt la situation inverse que l'on observe», constate le chercheur.
Ce n'est pas un hasard si les chercheurs ont choisi de rendre cette étude publique dans le Canadian Journal of Cardiology. «Globalemement, les mauvaises habitudes alimentaires viennent au deuxième rang parmi les facteurs de risque de mortalité. Aussi, plus de 50% des décès attribuables à une mauvaise alimentation résultent de maladies cardiovasculaires», ajoute le professeur Lamarche.
Les campagnes d'information qui visent à changer les comportements alimentaires en misant sur la sensibilisation et la responsabilisation des individus n'ont pas produit de résultats notables, constate le chercheur. «L'éducation publique ne suffit pas. Il faut diversifier les approches, notamment en s'attaquant à l'environnement alimentaire. Nous croyons que des changements dans cet environnement peuvent favoriser l'adoption de nouveaux comportements alimentaires individuels.»
Les chercheurs seront en mesure de tester cette hypothèse grâce au projet NutriQuébec, qui démarrera dans quelques mois. «Notre projet, qui s'inscrit dans le cadre de la Politique gouvernementale de prévention en santé du gouvernement du Québec, vise à recruter plusieurs dizaines de milliers de personnes afin de suivre l'évolution de leurs choix alimentaires pendant plusieurs années, explique Benoît Lamarche. Nous pourrons ainsi mesurer les répercussions de mesures gouvernementales, par exemple l'adoption d'une taxe sur le sucre, sur les choix alimentaires des Québécois.»
L'étude publiée dans le Canadian Journal of Cardiology est le résultat d'une collaboration entre des équipes de l'Université Laval, de l'Université de Sherbrooke, de l'UQTR et de l'Université de Montréal. Les autres chercheurs de l'Université Laval qui signent l'étude sont Didier Brassard, Catherine Laramée, Louise Corneau, Charles Couillard, Sophie Desroches, Véronique Provencher, Marie-Claude Vohl, Julie Robitaille et Simone Lemieux, de l'École de nutrition et de l'INAF, et Catherine Bégin, de l'École de psychologie.